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Le Centre d'études historiques (Centro de Estudios Históricos) est une institution fondée en 1910 en Espagne dans le but de fournir des moyens matériels de recherche et d'aider la formation d'une élite intellectuelle dans le pays.
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Né comme un petit atelier, le Centre devint peu à peu une puissante institution où furent élaborées des œuvres de référence comme la série de revues diffusant les travaux de ses membres, notamment la Revista de Filología Española, fondée en 1914, L'Anuario de Historia del Derecho Español (1924), L'Archivo Español de Arte y Arqueología (1925), L'Índice Literario. Archivos de Literatura Contemporánea (1932), Emérita (1933) et Tierra Firme (1935).
Éminent centre de développement de diverses sciences humaines, il s'érigea en une école pratique de hautes études et créa une sorte d'école de pensée et de travail collectif, principalement dans le champ de la philologie. De fait, on associe couramment de nos jours la trajectoire et les travaux du Centre d'études historiques à la création et la consolidation de l'École de philologie espagnole qui naquit en son sein, menée par Ramón Menéndez Pidal.
Entre le et le , le comte de Romanones, à l'époque ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans un gouvernement libéral présidé par José Canalejas, réorganise tout le schéma du savoir et de l'enseignement espagnols en fondant une série d'institutions qui s'avéreront fondamentales, en suivant les orientations et recommandations des responsables de la Junta para la Ampliación de Estudios. Le Centre d'études historiques, l'École espagnole romaine en archéologie et histoire, l'Institution nationale de sciences physico-naturelles et l'Association de laboratoires ; la Résidence d'étudiants et le tutorat des étudiants sont mis en marche afin que les jeunes universitaires disposent de moyens pour satisfaire leur travail intellectuel ou puissent se rendre à l'étranger pour améliorer leur formation.
Les objectifs attribués au Centre, d'après le décret fondateur du , étaient au nombre de Cinq, et visaient tout à renouveler la connaissance de la culture espagnole[1] :
À sa naissance, le Centre fut divisé en six sections ; entre 1914 et 1916 on atteignit le chiffre maximal de dix, pour retomber à cinq en 1919. Hormis quelques changements mineurs, celles qui se consolidèrent au cours de cette dernière année resteront les mêmes jusqu'à la guerre civile espagnole.
Sous la direction de Ramón Menéndez Pidal, la section commença son travail en 1910 et la maintint après 1919, bien qu'après un changement de nom pour Section de Philologie en 1916. Ce fut sans aucun doute la section qui eut le plus grand nombre de collaborateurs et celle qui se révéla être la plus fondamentale. Dans cette section, Menéndez Pidal regroupa autour de lui un ensemble d'élèves et de disciples qui constituèrent une authentique école philologique. On retrouve bon nombre de ses collaborateurs dans les différentes écoles intellectuelles connues dans la culture espagnol sous les appellations de génération de 98, de 1927, de 1936 ou de 1914. Parmi ses principaux travaux l'on doit citer différentes excursions, la constitution d'une base de documents linguistiques du XIe siècle au XVe siècle, l'élaboration à partir de 1915 et sous la direction d'Américo Castro d'un glossaire de mots contenus dans ses documents, le développement d'un laboratoire de phonétique expérimentale (dont la création fut pratiquement parallèle à celle de la section), dans lequel Tomás Navarro Tomás mena à bien plusieurs recherches. Il y eut également des études d'histoire littéraire, de théâtre ancien espagnol, de textes littéraires du Moyen Âge et à partir de 1914 des éditions de textes hispano-latins. Cependant, les activités se poursuivirent avec des travaux sur le folklore à partir de 1915-1916, dont bon nombre étaient liés à l'étude et à la sauvegarde du romancero, à l'élaboration de cartes géographico-historiques de l'Espagne médiévale (à partir de 1914) à une "Bibliographie générale de la langue et de la littérature espagnole" (Bibliografía general de la Lengua y Literatura españolas, à partir de ). La section lança également en une série de brèves séances d'enseignement trimestriels sur la "Langue et littérature espagnole pour étrangers", avec la collaboration de Solalinde, Castro, Alfonso Reyes, Navarro Tomás, y Federico de Onís.
Mais sans doute l'initiative la plus remarquée fut la "Revue de Philologie Espagnole" (Revista de Filología Española), avec une publication trimestrielle à partir de 1914, dirigée par Menéndez Pidal et avec les collaborations remarquables de Castro, Onís, Solalinde, Reyes, Navarro Tomás et Gómez Ocerin. D'autres sections du Centre participèrent également, comme celle Ribera et Asín, ainsi que des écrivains, tant espagnols qu'étrangers, qui n'appartenaient pas au C.E.H. Les échanges furent nombreux avec d'autres publications (revues ou études monographiques) espagnoles et étrangères. Toutes ces activités expliquent que la section de Menéndez Pidal acquît dès son commencement un rythme de développement qui lui permit d'exister jusqu'aux dernières années du Centre, et qu'elle devînt la plus importante de toutes celles qui furent créées tout au long de l'histoire du Centre.
Sous la direction permanente d'Eduardo de Hinojosa, cette section fut créée en 1910, bien qu'en 1914 elle changea de nom pour Institutions sociales et politiques du Moyen Âge. Parmi les étudiants ayant participé à cette section, on peut citer José María Vargas ou Claudio Sánchez-Albornoz. Néanmoins à partir de 1914 le seul collaborateur de Hinojosa dans cette section fut Galo Sánchez. Ils s'occupaient essentiellement de rassembler et d'interpréter les fors et les chroniques latines médiévales.
Sous la direction de Manuel Gómez-Moreno, la section est créée en 1910 et poursuit son existence après 1919. Les collaborateurs furent très nombreux : José Moreno Villa, Ramón Gil Miquel, Antonio Prieto Vives, Juan Cabré Aguiló, Mario González Pons, Eladio Oviedo, Francisco Antón, José R. Mélida, Pedro M. de Artiñano, Casto María del Rivero, Emilio Antón, Leopoldo Torres Balbás, Juan Chacón, Francisco Macho et Emilio Camps. Les activités consistaient essentiellement en des cours sur l'art médiéval et la préparation de monographies illustrées d'églises médiévales (en particulier mozarabes) et d'autres vestiges. Des travaux sur les codex pré-romains et la décoration géométrique dans l'art musulman, ainsi que des recherches sur l'archéologie musulmane et les origines de la Renaissance en Castille.
Sous la direction de Rafael Altamira, cette section resta ouverte entre 1910 en 1918 et fonctionna à la manière d'un séminaire. Parmi les principaux collaborateurs d'Altamira durant ces années on peut citer Magdalena S. de Fuentes, Concepción Alfaya, Germán Lenzano, José Deleito y Piñuela, Rafael Gras, Eugenio López Aydillo, Lorenzo Luzuriaga, Enrique Pacheco, José María Ots et Joaquín Freyre. Les principales activités consistèrent en des travaux communs entre élèves et directeur de recherche, méthodologie et bibliographie en histoire contemporaine, recherche de documents et d'archives, ainsi que l'étude de questions relatives à l'enseignement de l'histoire.
Sous la direction de Miguel Asín Palacios, cette section fonctionna entre 1910 et , avec la collaboration de Pedro Longás Bartibás, Maximiliano A. Alarcón et Cándido González Palencia. Parmi ses activités on peut citer la recherche sur les origines de la pensée extrareligieuse et hétérodoxe de l'Islam espagnol, ainsi que l'étude réalisée de la biographie, bibliographie et du système philosophico-théologique de Abenházam.
Sous la direction de Julián Ribera, la section commença son travail en 1910 pour y mettre fin en 1916, avec la collaboration de Cándido González Palencia, José A. Sánchez Pérez, Pedro Longás, Ignacio González Llubera, Carlos Quirós, Ramón García de Linares et Fernando Montilla y Ruiz. Les principales activités développées furent l'étude d'institutions économico-sociales de l'Espagne musulmane et des travaux de recherche effectués au Maroc à partir de 1914.
Sous la direction de Felipe Clemente de Diego, la section commença ses travaux le et prolongea son activité au-delà de 1919, en comptant durant ces années avec la participation de Francisco Rivera Pastor, Francisco Candil y Calvo, Enrique R. Ramos, Demófilo de Buen, Leopoldo García Alas et Ramón R. Casariego. Il s'agity d'une section très active qui travailla sur les Codes Civils d'Espagne et d'autres pays européens, sur la lecture et le commentaire de différentes œuvres juridiques, sur des cas pratiques de droit et de sentences de tribunaux, sur le concept de publicité et le droit de retrait dans les relations juridiques, autour de la condition juridique de la femme et, finalement, sur la formation de notes pour une Bibliographie du Droit Civil, particulièrement en espagnol.
Sous la direction d'Elías Tormo, ses activités commencèrent le et se prolongèrent après 1919, avec la collaboration de Francisco San Román, le père Sanchís Sivera, Francisco Javier Sánchez Cantón, Ricardo de Orueta, Juan Allendesalazar, Manuel Pérez, Jesús Domínguez Bordona et Manuel Herrera Ges. Parmi les apports de cette section on peut citer les travaux pour une exposition à Londres (1914) sur l'art espagnol, une collection de photographies de monuments artistiques espagnols, des études sur la sculpture sépulcrale antérieure au XIXe siècle et un "index général des noms des artistes et artisans espagnols notoires" (índice general de los nombres de los artistas y artífices españoles de biografía o personalidad conocida).
Sous la direction de José Ortega y Gasset, la section commença ses activités en 1913 et les prolongea jusqu'en , lorsqu'Ortega l'abandonna pour entreprendre un voyage en Argentine. Parmi ses collaborateurs on peut citer Ángel Sánchez Rivero, Joaquín Álvarez et María de Maeztu. Cette section eut une activité relativement limitée par rapport aux précédentes. De ces travaux le plus remarquable est une recherche sur l'état actuel des études philosophiques. À partir de 1916, Ortega donna un cours public sur le "Système de la Psychologie".
Sous la direction d'Abraham S. Yahuda, cette section fut inaugurée en et fermée en 1917. Parmi ses collaborateurs on peut citer Ramón Bermejo y Mesa, Julio Brouta, José Ibarlucea et Ignacio González Llubera. Ses activités furent peu nombreuses, bien qu'elle fût toutefois remarquable dans la traduction et l'édition d'inscriptions et de documents hébraïques et arabes, ainsi que dans l'élaboration d'un "Dictionnaire rabinico-espagnol" (Diccionario rabínico-español).
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