La cérémonie des Generalfeldmarschall de 1940 est une cérémonie qui s'est tenue au Krolloper de Berlin le , durant laquelle Adolf Hitler a promu douze généraux de la Wehrmacht au grade de Generalfeldmarschall. C'était la première fois de la Seconde Guerre mondiale que Hitler nommait Generalfeldmarschall des généraux pour leurs accomplissements militaires, en l'occurrence ici à l'issue de la bataille de France.
Après l'arrivée au pouvoir de Hitler et du parti nazi fin , Hitler souhaite une restauration de la puissance militaire de l’Allemagne[1] et il entame son réarmement, d’abord de manière discrète. En 1936, il redonne vie au grade de Generalfeldmarschall en l'attribuant à son ministre de la Guerre, le GeneraloberstWerner von Blomberg, également commandant en chef de l'armée[2].
L'attribut traditionnel distinguant de manière très visible un Generalfeldmarschall allemand est le «bâton de maréchal» richement décoré[3]. En outre, la solde annuelle liée au grade est de 36 000 reichsmarks et elle est versée à vie: en effet, un maréchal est considéré comme ne quittant jamais le service actif; de plus, il est dispensé d’acquitter l'impôt sur cette solde[4].
Enflammé par la défaite rapide de l'armée française, alors considérée comme la première armée d'Europe[5], ainsi que par la défaite de la Belgique et des Pays-Bas en mai-, Hitler veut marquer l'événement par une grande cérémonie consacrée aux promotions de certains de ses généraux[6]. Il espère également renforcer ainsi son influence sur l'état-major de l’armée[7]. C'est pourquoi, le , Hitler convoque douze de ses généraux pour une cérémonie au Krolloper de Berlin[alpha 1],[8],[9],[6]. Après un discours dans lequel Hitler émet une offre de paix à l'attention de la Grande-Bretagne, il récompense personnellement ses généraux en leur remettant le bâton de Generalfeldmarschall[8][3]. Les douze généraux choisis, qui ont tous joué un rôle important dans la victoire sur la France, sont par ordre alphabétique:
Les trois commandants de groupe d'armées sont promus Generalfeldmarschall.
Kesselring et Sperrle, de la Luftwaffe, sont les seuls généraux promus à ne pas être passés par le grade intermédiaire de Generaloberst.
Les commandants en chef de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe, respectivement Erich Reader et Hermann Göring, ne sont pas promus Generalfeldmarschall, pour la simple raison qu'ils détiennent déjà ce grade ou son équivalent: Raeder est Großadmiral depuis 1939 et Göring est Generalfeldmarschall depuis 1938. Cependant, comme Göring est commandant en chef de la Luftwaffe et qu'il a maintenant sous ses ordres deux autres Generalfeldmarschall, le grade de Reichsmarschall est spécialement créé à son attention et lui est attribué lors de la même cérémonie.
C'est la première fois depuis le début de la guerre que Hitler nomme des Generalfeldmarschall en raison de leurs réalisations militaires. Les cinq années restantes de la guerre voient douze promotions supplémentaires, dont la plupart ne donnent pas lieu à cérémonie, telle celle de Friedrich Paulus, que Hitler annonce par radio à son destinataire[22],[11],[alpha 2].
En décidant de promouvoir Paulus pendant la bataille de Stalingrad, Hitler voulait mettre en exergue le fait qu'il n'y avait jamais eu de maréchal prussien ou allemand ayant capitulé. La suggestion était claire: Paulus ne devait pas se rendre; il devait donc résister, mourir au combat ou se suicider. Si Paulus choisissait de se rendre, Hitler laissait entendre qu'il ferait honte à l'histoire militaire de l'Allemagne. Cependant, Paulus se rendit aux forces soviétiques le , un seul jour après avoir été promu[11].
Anna Grazhdan, Soviet Storm: World War II in the East, Channel One Russia, .
Simon P. Mackenzie, The Second World War in Europe: Second Edition, Routledge Publishing, , 184p. (ISBN978-1-317-86471-4, lire en ligne).
Roger Manvell, Goering: The Rise and Fall of the Notorious Nazi Leader, Skyhorse, (1reéd. 1962), 442p. (ISBN978-1-61608-109-6).
Mungo Melvin, Manstein: Hitler's Greatest General, Weidenfeld & Nicolson, , 647p. (ISBN978-0-297-84561-4).
Samuel Jr. Mitcham, Men of Barbarossa – Battles and Leaders of the German Invasion of Russia, 1941, Casemate Books, , 296p. (ISBN978-1-935149-15-6).
(en) Samuel Jr. Mitcham, Defenders of fortress Europe: the untold story of the German officers during the Allied invasion, Washington (D.C.), Potomac Books Inc., , 257p. (ISBN978-1-59797-274-1, lire en ligne).