Bataille de l'aéroport de Hostomel
bataille de la guerre d'Ukraine De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La bataille de l'aéroport de Hostomel, également connue sous le nom de bataille de l'aéroport d'Antonov, est une bataille survenue les 24 et 25 février 2022 lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, opposant les Forces armées ukrainiennes aux Forces armées russes.
Date |
Du au (1 jour) |
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Lieu | Aéroport de Hostomel, Hostomel, oblast de Kiev (Ukraine) |
Issue |
Victoire tactique mais échec stratégique russe. |
Russie | Ukraine |
31e brigade d'assaut aérien
200 à 300 parachutistes. Approximativement 34 hélicoptères . Renforts terrestres : plusieurs milliers d'hommes |
4e brigade de réaction rapide
Plusieurs centaines d'hommes en renforts |
Aucun selon la Russie 6 à 7 hélicoptères abattus selon l'Ukraine |
200 tués selon la Russie[1] 1 Antonov An-225 détruit |
Invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022
Batailles
Offensive de Kiev (Jytomyr, Kiev) :
Campagne de l'Est (Donetsk, Louhansk, Kharkiv)
Kharkiv :
Nord du Donbass:
Centre du Donbass:
Sud du Donbass :
Campagne du Sud (Mykolaïv, Kherson, Zaporijjia)
Frappes aériennes dans l'Ouest et le Centre de l'Ukraine
Guerre navale
Débordement
Massacres
Coordonnées | 50° 36′ 13″ nord, 30° 11′ 31″ est |
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L'aéroport de Hostomel (en ukrainien : Аеропорт « Гостомель »), aussi nommé « aéroport Antonov » est un aéroport international réservé au fret, situé près de la ville d'Hostomel, dans l'oblast de Kiev, en Ukraine.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022 est déclenchée le , sur ordre du président russe Vladimir Poutine. La campagne militaire, dans le cadre de la guerre russo-ukrainienne en cours depuis 2014, émerge d'une montée progressive des tensions débutée en 2021.
Selon un article du Washington Post publié en , le directeur de la Central Intelligence Agency (CIA), William Joseph Burns, déclare au président ukrainien Volodymyr Zelensky le que l'invasion russe commencerait par une attaque contre l'aéroport de Hostomel, dont la piste est adaptée à l’accueil d’avions de transport militaire lourds pouvant transporter de nombreux soldats russes et de leurs blindés[2],[3].
Les Forces armées russes font une incursion dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, le , avant une offensive aérienne, maritime et terrestre sur l'ensemble du territoire ukrainien le .
La force d'assaut est composée approximativement de 34 hélicoptères, appareils de transport de type Mil Mi-8 et d'attaque de types Ka-52 Alligator et Mil Mi-24, et de 200 à 300 parachutistes provenant de deux brigades différentes[4].
Initialement, la garnison de l'aéroport est limitée à 200 hommes de la 4e brigade de réaction rapide de la garde nationale, dont une caserne est située à proximité immédiate de la plateforme aéroportuaire. L'essentiel de cette brigade est alors déployé depuis décembre dans l'est du pays pour faire face à la menace russe[4]. Le personnel resté en base arrière est composé d'un mélange de conscrits et de contractuels, ainsi que de personnels de soutien administratif. Il dispose d'armement léger d'infanterie, mais également de lance-missiles antiaériens portatifs de type "MANPADS" et d'au moins un canon antiaérien ZU-23. Ils sont appuyés par des éléments réduits du 10e détachement spécial.
Le 24 février 2022, premier jour de l'invasion de l'Ukraine, l’armée russe lance trois offensives sur le territoire ukrainien : l'offensive du sud, depuis la Crimée, l'offensive de l'est depuis le Donbass, et l'offensive de Kiev, depuis le Belarus. L'aéroport de Hostomel est l'une des premières cibles de cette dernière en raison de sa proximité avec la capitale et de sa longue piste de 3500 mètres, permettant d'acheminer rapidement par gros porteurs des renforts.
Entre 6 h et 7 h du matin le 24 février, quatre missiles Kalibr frappent l'aéroport et la caserne de la garde nationale : un s'abat sur la place d'armes, un autre sur les immeubles d'habitation à proximité et deux tombent sans exploser[4].
L'aéroport est attaqué par les airs. Les forces russes prennent les airs depuis l'aéroport V. D. Bolshoy Bokov, près de Mazyr en Biélorussie, à environ 170 kilomètres au nord d'Hostomel.
Un corridor d'infiltration est créé par les Forces aérospatiales russes le long du Dniepr/Dnipro, en brouillant les radars ukrainiens et détruisant les sites de défense antiaérienne. Franchissant la frontière vers 9 h 30, la force d'assaut n'est détectée qu'au niveau du barrage hydroélectrique de Kiev, juste au nord de la capitale. Deux hélicoptères de tête sont alors abattus, avant que les suivants n'échappent à la menace en larguant des leurres avant d'obliquer vers l'ouest en direction de l'aéroport[4]. Les forces russes atteignent l'aéroport vers 11 h. À ce moment-là, les éléments de la garde nationale, alertés du danger par les frappes matinales, ont pris leurs positions de combat : environ 20 combattants sont placés en protection du radar au nord de la plateforme, avec le canon antiaérien ZU-23, et le reste de la troupe occupe des emplacements autour de l'extrémité sud du terrain. Les forces ukrainiennes sont donc en éveil et ouvrent le feu sur les aéronefs russes, abattant trois hélicoptères, notamment au moyen de roquettes 9K38 Igla. Malgré ces tirs, les appareils de transport déposent des parachutistes d'élite de la 45e brigade Spetsnaz et de la 31e brigade d'assaut aéroporté de la Garde qui mènent le combat à terre pendant plusieurs heures, à l'issue desquels ils obtiennent le contrôle de l'aéroport[6]. Environ 300 défenseurs ukrainiens de la 4e brigade de réaction rapide ne sont pas bien équipés, et incluent beaucoup d'appelés qui n'avaient jamais connu le combat. Ils n'offrent qu'une résistance limitée. Alors que le combat s'intensifie, les défenses aériennes ukrainiennes deviennent plus efficaces[pourquoi ?]. Alors que les parachutistes russes atterrissent en nombre croissant et se déploient, la garnison ukrainienne est submergée[11]. L'armée ukrainienne revendique avoir abattu six ou sept hélicoptères, dont deux KA-52, en faisant intervenir ses avions de combat MiG-29 et en utilisant des missiles sol-air MANPADS[12] de la 40e brigade d'aviation tactique.
Dans la même journée, les forces terrestres russes ont pénétré en Ukraine par l'oblast de Kiev au nord-ouest de la capitale, remportant la bataille de Tchernobyl, et par l'oblast de Tchernihiv au nord-est, commençant la bataille de Tchernihiv. Elles continuent leur route vers le sud, mais, ralenties par la défense ukrainienne, n'ont pas atteint les environs de Kiev où se trouve l'aéroport de Hostomel.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky déclare dans une allocution filmée qu'il a donné l'ordre à ses armées de reprendre l'aéroport[13]. Le soir même, les hommes de la 4e brigade de réaction rapide entreprennent une contre-offensive, renforcés par des éléments réduits de la 72e brigade mécanisée, de la 80e brigade d'assaut aérien, de la 95e brigade d'assaut aérien et du 3e régiment des forces spéciales, soutenus par des hélicoptères de combat Mi-24 et un avion bombardier Su-24M. D'autres renforts sont envoyés, mais ils sont détruits avant leur arrivée par l'aviation russe[12]. L'armée ukrainienne prétend néanmoins avoir repris le contrôle de l'aéroport en détruisant les troupes russes[14],[15]. L'armée russe a elle aussi envoyé des renforts à bord de 18 à 20 avions de transport Il-76 transportant les VDV de la 76e division d'assaut aéroporté de la Garde, mais ceux-ci ne tentent pas d'atterrir, tenus en échec par la défense antiaérienne ukrainienne et par le fait que l'aéroport ne soit pas sécurisé au sol, à la suite des affrontements en cours et des bombardements ukrainiens continus. Ils sont retournés se poser à l'aéroport de Homiel, en Biélorussie[12].
Au terme de la première journée de combats, l'aéroport demeure contesté. La capacité de résistance de l'armée ukrainienne ralentit considérablement l'offensive de Kiev qui visait une prise rapide de la capitale[16].
Le , les forces terrestres russes venues de Biélorussie atteignent l'aéroport de Hostomel et en reprennent le contrôle. Cependant la piste de l'aéroport a été endommagée par les combats et bombardements, la rendant inutilisable[12]. L'armée russe prétend avoir pris le contrôle de l'aéroport en tuant 200 soldats ukrainiens et sans avoir subi aucune perte humaine[17], ce qui est rapidement contesté par l'armée ukrainienne, images de véhicules détruits à l'appui.
Bien que l'armée russe ait effectivement obtenu le contrôle de l'aéroport, sa prise a été plus longue et difficile qu'escompté et elle a échoué dans son objectif de pouvoir l'utiliser à ses fins. Les États-Unis pensent que la Russie n'a pas atteint son objectif d'une victoire éclair de l'offensive de Kiev, et qu'elle a peut-être sous-estimé la capacité de résistance de l'armée ukrainienne. La prise de l'aéroport aurait constitué un atout majeur en lui permettant d'y rassembler des troupes en vue d'un assaut. Pour autant, la capitale reste l'un des objectifs principaux du début de l'invasion, et l'offensive se poursuit[18].
Les troupes parachutistes (VDV) russes ont perdu un minimum référencé de 65 véhicules blindés aéroportables, 33 BMD-2, 5 BMD-4, 5 BTR-MDM et 22 BTR-D. Le taux de destruction de véhicules datant de la période soviétique utilisés par les VDV représente 86 % des pertes[19].
Dans la nuit du 24 au 25 février, le plus gros avion du monde, l'Antonov An-225 « Mriya » qui se trouvait à l'aéroport au moment de l'invasion, est l'objet de rumeurs affirmant sa destruction dès le premier jour de l'assaut, avant d'être démenties par la société Antonov[20]. Le 27 février, il est finalement confirmé que l'avion a été bombardé puis incendié par les forces russes alors qu'il était en réparation à l'aéroport de Hostomel[21],[22],[23]. Les autorités ukrainiennes accusent celles-ci de l'avoir intentionnellement pris pour cible en raison de son statut de symbole national[24].
D'autres avions sur place sont détruits ou fortement endommagés. Le prototype de l'Antonov An-132 en fait partie.
L'armée russe occupe également les quartiers de la 4e brigade de réaction rapide de la Garde nationale de l'Ukraine (unité 3018), qui jouxte l'aéroport de Hostomel. Celle-ci annonce au matin du que les Russes ont pris possession des uniformes de l'unité et sont susceptibles de s'en affubler pour « mener des provocations ». Elle appelle ses compatriotes à considérer toute personne vêtue de cet uniforme à proximité de l'aéroport comme un ennemi[25] poussant les Russes à attaquer la ville de Vassylkiv afin de prendre le contrôle de la base militaire aérienne du même nom[26].
Les forces ukrainiennes annoncent que le Groupe Alpha a détruit une colonne de blindés proche de la ville[27],[28].
Les combats se poursuivent aux alentours de Hostomel et des communes de Boutcha et Irpin, dans la banlieue de Kiev, où l'offensive de Kiev s'est immobilisée. Ils provoquent des destructions importantes, des victimes civiles et de nombreux déplacés[29]. Le , le commandant ukrainien Valeriy Tchybineyev, titulaire de l'ordre des Héros d'Ukraine, fait partie des morts au combat[30].
Le , un reportage diffusé sur la chaîne de télévision publique russe Pervy Kanal montre l'aéroport de Hostomel détruit et les restes de l'Antonov An-225. Il attribue les destructions aux tirs d'artillerie des forces armées ukrainiennes. Il s'agit d'une occurrence rare d'images du conflit à la télévision russe, qui occulte la réalité de l'invasion de l'Ukraine[31].
Le , la mairie de Hostomel annonce que le maire, Iouriy Prylypko, a été tué par les Russes dans l'exercice de ses fonctions, alors qu'il « distribuait du pain et des médicaments aux malades, et réconfortait les blessés »[32].
Le , l'imagerie satellite ne montre aucune force russe visible à l'intérieur de l'aéroport. Le 29 mars, le ministre-adjoint de la défense russe annonce le retrait des forces russes de la zone de Kiev[33] incluant l'abandon de l'aéroport[34].
Le 2 avril, les forces ukrainiennes reprennent le contrôle de l'aéroport, qui est sérieusement endommagé[35].
Kevin Stringer et Heather Gregg de l'Académie militaire de West Point comparent la bataille de l'aéroport de Hostomel à l'Invasion de la Tchécoslovaquie par le pacte de Varsovie, l'invasion de l'Afghanistan en 1979 et l'invasion de la Crimée en 2014 : dans ces trois cas, l'invasion commence par une arrivée de troupes aéroportées sur l'aéroport le plus proche de la capitale afin de s'en emparer et ainsi « décapiter » le gouvernement, permettant de prendre le contrôle du pays. Cela n'a pas été possible en Ukraine en raison de la défense de l'aéroport de Hostomel[36]. Alexandre Horn de Libération, Philippe Chapleau de Ouest-France partagent la même analyse : le but de la Russie était de faire atterrir des renforts, puis de prendre la capitale en quelques jours[37],[38].
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