La bataille de Valence est un conflitidentitaire qui agita la société valencienne durant la période la Transition démocratique espagnole, à la fin des années 1970 et début des années 1980. Particulièrement conflictuel et violent, il provoqua une fracture politique et sociale qui perdure encore dans la Communauté valencienne actuelle[1]. Son épicentre fut la ville de Valence et l'Horta.
Le conflit éclata après les élections générales espagnoles de 1977, à l'issue de laquelle la gauche fut majoritaire. Il opposa certains secteurs politiques et culturels de la droite valencienne, en profonde restructuration après la fin du franquisme, au début connu comme le búnker barraqueta et plus tard qualifiés de «blavéristes», qui reçurent le soutien de l'Union du centre démocratique, grand parti de la droite espagnole, et de certains milieux culturels, notamment le journal régional Las Provincias dirigé par María Consuelo Reyna, aux secteurs de gauche, plus progressistes et proches du catalanisme, ainsi que certains milieux intellectuels et universitaires[2]. Il gravita de façon générale autour de l'identité valencienne, et de la question du lien historique et culturel entre Valence et la Catalogne. Les plus grands clivages portèrent en particulier sur le choix du drapeau de la communauté (drapeau à quatre barres historique des monarques de la couronne d'Aragon, associé au catalanisme par les blavéristes, ou drapeau couronné portant la frange bleue, défendue par les blavéristes, qui sera finalement retenu), sa dénomination («Pays» ou «Royaume»; le choix se porta finalement sur «Communauté»), son hymne, ainsi que sur la question de l'unité de la langue valencienne et du catalan (les blavéristes revendiquant le valencien comme une langue distincte tandis que les secteurs de gauche et nationalistes ainsi que la très grande majorité des milieux universitaires et scientifiques le considèrent comme un ensemble de modalités rattachées au catalan).
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: manifestation non autorisée à Valence réunissant 30 000 personnes, pour la liberté, l'amnistie et l'autonomie, convoquée par le Conseil démocratique du Pays valencien(ca), réprimée par les forces de l’ordre[3],[4]
: l’assemblée de Lo Rat Penat devient majoritairement blavériste à la suite d’une manipulation des autorités[5]
: importante manifestation (120 000 personnes) à Valence, convoquée à l'initiative de la Table des forces politiques et syndicales du Pays valencien (Taula de Forces Polítiques i Sindicals del País Valencià), avec le slogan: «Per la llibertat, per l'amnistía, per l'Estatut d'Autonomía, per el Sindicat Obrer» («Pour la liberté, pour l’amnistie, pour le statut d'autonomie, pour le syndicat ouvrier»)[3],[7]
: autre manifestation convoquée à l’initiative de la Taula à Alicante (20 000 personnes)[7]
: attentat à la bombe à la librairie Tres i Quatre de Valence[8]
: 100 librairies valenciennes ferment pour protester contre les attentats dont elles sont victimes[9]
: déclaration blavériste de la municipalité de Valence (fugir del perill catala (sic)), toujours aux mains des franquistes[3],[8],[5]
: dans une déclaration, la Taula demande un statut d’autonomie et rejette explicitement l'«anticatalanisme»[10]
: la municipalité de Valence fait une déclaration réclamant une «pleine autonomie» pour la région[11]
: Vicente Giner Boira d'Alianza Popular publie dans Las Provincias une annonce intitulée «El día 16 dejarás de ser valenciano, serás catalán», en allusion aux élections générales, dirigée contre Joan Fuster et les partis valencianistes[12],[13],[14]
: Agression du jeune militant communiste alicantin Miquel Grau alors qu'il posait des affiches pour les célébrations du (fête du Pays valencien), par des partisans d'extrême-droite; il meurt des suites de ses blessures dix jours plus tard[3],[15],[16],[17]
: Matin: Défilé traditionnel en hommage à Jacques Ier d'Aragon, à la demande des autorités franquistes; premiers troubles publics de la part de manifestants blavéristes, dirigés contre certaines personnalités politiques (en particulier le communiste Emèrit Bono et le nationaliste Francesc Burguera)[18],[19]. Après-midi: Grande manifestation à Valence pour réclamer le statut d'autonomie, à la demande des groupes démocratiques[3],[8],[20],[21],[5]
À la suite de la diffusion d'un reportage sur Ausiàs March disant qu'il avait écrit ses œuvres en catalan dans l'émission Hora 15, manifestation à Valence de partis et organisations de droite et d'extrême droite (URV, AP, GAV, Fuerza Nueva), suivie d'attaques au siège de TVE et au domicile du philologue Manuel Sanchis Guarner[3],[22]
: Explosion d'une bombe lors d'un meeting de nationalistes valenciens aux arènes de Valence[3],[24]
: Un groupe de manifestants blavéristes manifeste devant le palais de la Generalitat pour réclamer le drapeau avec frange bleue[3],[24]
: Attentat à la bombe au domicile de l'écrivain catalaniste Joan Fuster[3]
: Découverte d'un paquet bombe déposé au domicile de Sanchis Guarner[3],[24]
: Élections municipales, dans lesquelles les socialistes sont majoritaires dans toutes les provinces[3],[26] mais la carte électorale leur est défavorable et l'UCD devient majoritaire dans les députations provinciales d'Alicante et Castellón[27],[28]
23 et : Officiellement en signe de protestation contre l'absence de publication du décret de bilinguisme au Bulletin officiel de l'État espagnol, le Conseil adopte le drapeau à quatre barres[29],[3]; l'UCD, absente de la session, soutient ensuite que le quorum n'avait pas été atteint[30] et que la décision est inconstitutionnelle[26]
: Josep Lluís Albiñana, président du Conseil du Pays valencien, et Manuel Girona Rubio, président de la députation provinciale de Valence, tous deux affiliés au PSPV, sont agressés à Quart de Poblet. Les maires de gauche réunis s'enferment dans la mairie de la ville pour protester contre l'inaction des forces policières[31],[32],[33].
: Manifestation massive à Valence contre le drapeau du Conseil[34],[3]
: À l'occasion de la fête du Pays valencien, plusieurs hommes politiques de gauche dont le maire de Valence, Ricard Pérez Casado (PSPV), sont agressés en public[35],[3],[36]; les drapeaux suspendus au balcon de la mairie de Valence sont brûlés[37]
: Emili Beüt et Enric Soler i Godes sont expulsés de Lo Rat Penat car ils défendent l'unité du catalan et du valencien[33],[38].
: Interpellation d'Alfons Cucó (PSPV-PSOE) au Sénat espagnol, concernant le climat de violence au Pays valencien, qui demande l'«adoption des mesures nécessaires pour garantir l'ordre public et le fonctionnement normal des institutions démocratiques au Pays valencien» ainsi que la destitution du gouverneur civil de Valence, José María Fernández del Río[33],[39],[3],[40]
: Départ et démission du président Albiñana et des autres socialistes du Conseil du Pays valencien[3]. Enrique Monsonís (UCD) prend la tête d'un gouvernement intérim[41],[42],[43]
: Le drapeau à quatre barres du siège de la députation de Valence est brûlé à plusieurs reprises[32],[43]
: Procès contre Pascual Martín Villalba (président du GAV), qui avait accusé Sanchis Guarner d'avoir déposé lui-même la bombe chez lui; il est condamné à trois mois de prison[32],[44]
: Des blavéristes agressent Manuel Girona à la porte de la députation de Valence après l'approbation d’édition d'œuvres en valencien[44]
: Nouvel attentat à la bombe au domicile de Joan Fuster[47],[3],[28]
: Remaniement du Conseil, retour des socialistes et élection formelle de Montsonís comme président[48],[49]
: De graves troubles secouent la célébration de la journée du Pays valencien; nouvelle agression du maire de Valence Pérez Casado (PSPV-PSOE)[3],[32]
: Amparo Cabanes Pecourt (UCD), déléguée à l'éducation du Conseil du Pays valencien, envoie un courrier aux entités culturelles valenciennes présentant les Normes del Puig, normes orthographiques sécessionnistes défendues par le blavérisme, comme une actualisation des Normes de Castellón signée en 1932 en coordination avec les autorités académiques catalanes et jusqu'alors très majoritairement utilisées dans la diffusion du valencien écrit[50].
(ca) Anselm Bodoque Arribas, «Partits y conformació d'elits polítiques autonòmiques. Transició política i partits políticis al País Valencià», Institut de Ciencies Polítiques i Socials, Barcelone, Université autonome de Barcelone, no183, , p.29 (ISSN1133-8962, lire en ligne)
(es) Jesús Sanz, La cara secreta de la política valenciana: De la predemocracia al estatuto de Benicassim (Debates y testimonios), F. Torres, Valence, 1982, 347 p.
Plusieurs sources du moment, dont la première page de Las Provincias du lendemain, avancent le chiffre de 500 000 participants à cette manifestation —800 000 selon Sanz 2018, p.255—. Cette manifestation est souvent présentée comme la plus massive jamais organisée dans la ville.
(es) Manuel Broseta, Som valencians. Selección de colaboraciones periodísticas publicadas desde 1974 hasta 1979 en el periódico Las Provincias de Valencia, Las Provincias, Valence, 1979
(es) Borja Ribera Casado, La violencia política en la transición valenciana (thèse de doctorat en histoire contemporaine), Valence, , 519p. (lire en ligne)
(es) Borja Ribera, Una historia de violencia: La transición valenciana, Valence, Tirant Humanidades, , 576p. (ISBN978-84-19471-58-1)
(es) Juan Luis Sancho Lluna, Los orígenes históricos del anticatalanismo de la transición valenciana (1976-1982) - Tradición, resistencia y reacción (thèse d’histoire moderne et contemporaine), Valence, Universitat de València, (lire en ligne)
(ca) José Miguel Santacreu Soler et Mariano García Andreu, La transició democràtica al País valencià, Simat de la Valldigna, La Xara edicions, coll.«Universitària 2», , 1reéd., 158p. (ISBN978-84-95213-26-6)
(es) Benito Sanz et Josep Maria Felip, La construcción política de la Comunidad Valenciana, Institución Alfons El Magnànim, 2007.
(es) Jesús Sanz, La cara secreta de la política valenciana: De la predemocracia al Estatuto de Benicàssim, Valence, Institució Alfons el Magnànim - Centre Valencià d'Estudis i d'Investigació, , 293p. (ISBN9-788478-227617)