commune d'Algérie De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Béchar (en arabe: بشار; en: berbère: ⴱⵛⵛⴰⵕ), anciennement Colomb-Béchar pendant la colonisation française après 1902, est une commune de la wilaya de Béchar, en Algérie, dont elle est le chef-lieu, située à 1 150 km au sud-ouest de la capitale Alger, à 852 km au nord-est de Tindouf et à environ 80 km à l'est de la frontière marocaine. Béchar est la plus grande ville du sud-ouest algérien, sa population est de 171 724 habitants.
Le territoire de la commune de Béchar est situé au nord de sa wilaya. Béchar se situe à la limite nord-ouest du Sahara algérien. On considère que la ville fait partie de la région de la Saoura.
Béchar dispose d'un aéroport situé à 5 km au nord-ouest de la ville. Des vols opérés par la compagnie Air Algérie la relient à Alger et à Oran.
La commune de Béchar est traversée par la route nationale 6 (RN 6), dite «route des Oasis», qui relie la ville de Sig, située au nord-ouest de l'Algérie, à la ville de Timiaouine, située à l’extrême sud de l'Algérie à la frontière avec le Mali, via Béchar et Adrar.
Le 15 juillet 2010, la ligne ferroviaire Oran-Béchar, longue de 700 km, a été inaugurée.
Le voyage s'effectue en 10 heures. Cette ligne de train permettra au sud-ouest algérien un désenclavement et accentuera les échanges commerciaux entre le nord et le sud algérien en desservant jusqu'à Oran les villes suivantes: Oued Tlelat, Sidi Bel Abbes, Ras El Ma, Mecheria, Naâma, Ain Sefra, Beni Ounif.
Localités de la commune
En 1984, la commune de Béchar est constituée à partir des localités suivantes[4]:
Vers la fin du XVIIesiècle, le bey de l’Ouest mande des expéditions dans le Sahara vers lequel il voulait étendre sa domination[6]. Les objectifs de ces expéditions étaient doubles: établir une cartographie de cette partie du Sahara et trouver de l'eau. Une récompense fut promise à toute personne découvrant des points d'eau encore inconnus. Ces derniers, recevant une prime annuelle, étaient de plus exemptés d’impôt et d'obligation militaire. Parmi ces explorateurs, beaucoup moururent de soif ou en se perdant dans le Sahara loin des routes commerciales. Néanmoins, bon nombre d’entre eux découvrirent des zones minières et des sources d'eau (mais le plus souvent saumâtres)[7].
Les traditions locales rapportent qu'un jour, un voyageur demanda audience au bey, puis lui présenta dans une guerba en peau de chèvre de l'eau limpide qu'il expliqua avoir recueillie dans une source qu'il aurait découverte dans la vallée de Zousfana. Le Bey remercia publiquement l'envoyé, puis, après l'avoir félicité, il surnomma l'explorateur «El Bechar» signifiant celui qui apporte une bonne nouvelle, surnom qui sera repris pour désigner toute la région[6],[7].
Comme la région était assez plane, cela facilita la création d’une palmeraie grâce à la possibilité d’utiliser l'eau de la source nouvellement découverte. Le bey choisit entre autres la tribu des Ouled Nassir pour travailler la terre de la région et pour s'y installer. Il offrit à ces derniers divers animaux (chevaux, mulets et moutons) pour faciliter leur installation et ordonna la construction d'un premier fort dans cette nouvelle place[6].
Rapidement, la nouvelle palmeraie prospéra et fut réputée dans la région pour ses figues et dattes, mais aussi pour les divers animaux provenant de la chasse. Elle atteignit l'oued Guir, non loin de cet endroit et assura la prospérité de la nouvelle ville qui rapidement vit de nombreuses tribus nomades se mettre sous la protection de la ville et camper non loin de Béchar[6]. Néanmoins, quelques décennies plus tard, la région connue pour les fortes crues de l'oued motiva les Ouled Nasir à quitter le pays pour s'installer plus au nord dans les plaines marocaines du Gharb.
Avertis de ces terribles événements, le bey de l'Ouest rechercha de nouveaux volontaires pour continuer l'œuvre des Ouled Nasir mais la plupart des tribus et citoyens du beylicat de l’ouest de la Régence d'Alger refusèrent, de peur de mourir dans le désert des mêmes conditions. Devant cette situation, le bey décida d'envoyer des esclaves et tribus de force et constitua ainsi la place d'Abda. Il y construisit le fort de Zoukourt où vécut une grande partie des esclaves. Rapidement, de nombreuses personnes venant du Tell accoururent dans la région et furent si nombreuses que les gens d'Abda décidèrent de construire un nouveau ksar à côté de celui de Zoukourt, qui fut nommée Zekakor (ou petit Zakour)[6]. Ainsi, la région de Béchar devint une plaine fertile couverte de cultures, depuis le barrage d'Ouakda et la vallée de l'oued actuel jusqu'à la palmeraie d'Aït Hamou Aïssa et le pied du Djebel Béchar, à mi-chemin de la piste de Béchar à Gharassa[6].
Le sultan Lakhal (sultan du Gharb et du Tafilalet) apprit que Béchar possédait en abondance une région très fertile et de nombreuses sources d'eau de bonne qualité et résolut ainsi de s'emparer du ksar de Zakour dont il fit le siège. Il coupa tous les barrages et toutes les séguias qui alimentaient les jardins, et détruisit bon nombre de cultures. Le siège du Zakour durait depuis un an, sans succès pour les assiégeants. Les traditions locales, que rapporte notamment L. Cesard dans ses travaux anthropologiques de la région, narrent que les habitants du Ksar, lorsqu'il ne restait plus que quelques kilogrammes de blé et moins d'une dizaine de génisses, décidèrent sur les conseils d'un «ancien» de l'assemblée d'Abda de nourrir une des génisses qu'il possédait avec les céréales qu'il restait avant de la libérer pour qu'elle soit récupérée par les assiégeants. La nuit suivante, la génisse fut capturée par les assiégeants qui l'égorgèrent avant de s'apercevoir que l'estomac de la bête était rempli de blé. Le sultan assiégeant, informé de ce fait, décida de lever le siège[6].
Quelques années plus tard, des familles nomades des tribus berbères des Aït Atta vinrent s'installer à Bechar, édifiant notamment le Ksar El Beidh. Par la suite, de nombreuses autres tribus nomades vinrent s'installer dans la région avec leur troupeaux, mais la plupart ne restèrent que temporairement.
Conflits tribaux
Les Ghenanma, tribu bédouine du Draa, implantée notamment dans la vallée de la Saoura menèrent de nombreuses incursions sur Béchar et ses environs pour se ravitailler en dattes et céréales essentiellement. Les habitants de la région firent appel aux tribus bédouines des Doui Menia, récemment installés dans la vallée du Guir, pour les protéger en échange de terrain. Ces derniers acceptèrent, avant pour certains de rompre le contrat afin de reprendre leur vie nomade.
Sidi M'hammed Ben Bouziane, riche érudit alors installé à Béchar, partira à cette époque dans la ville voisine de Kenadsa où il fondera sa Zaouïa. De leur côté, les tribus des Ghenanma et des Doui Menia s'étaient déclaré la guerre et, comme les Douia Menia ne passaient à Béchar qu'à certaines périodes de l'année pour acheter des dattes, une partie des Ghenanma profita de la situation pour piller les récoltes. Les Doui Menia décidèrent, après avoir été informés de la situation par Sidi M'hammed Ben Bouziane et être appelés par les habitants de la région, de livrer bataille contre les Ghenanma. La bataille eut lieu à Redjem Kaam (entre Guelb El Aouda et Gueltet Amed ben Salah): le Cheikh Aissa, chef des Doui Menia y provoqua en duel singulier Kaam, le chef des Ghenanma, qui fut tué. Privés de leur chef, les Ghenanma se débandèrent et furent vaincus par les Doui Menia.
Dans les années 1800, des pluies anormalement abondantes transformèrent l'Oued Béchar en torrent qui dévasta la région, et qui fut nommée l'Oued Lakhal à cause de la couleur de ce dernier. Cette crue marqua et creusa plus profondément le lit de l’Oued et détruisit entre autres les principaux systèmes d'irrigation de Béchar dont notamment la grande seguia des Ait Atta[6].
La ville, durant la période coloniale, tire son nom composé de Colomb-Béchar du général français Louis Joseph Jean François Isidore de Colomb (1823-1902) qui servit dans la région de l'Oranais et du sud Oranais (Laghouat, Mascara, Tlemcen)[8] et du nom indigène précolonial de Béchar, ou porteur de bonnes nouvelles en arabe.
En 1902, la ville est rattachée à la partie des Territoires du Sud, subdivision territoriale administrée par le Gouverneur général de l'Algérie française entre 1902 et 1957. Mais face aux agitations continues venant de l'ouest et à l'incapacité du gouvernement français a donné un "droit de suite" aux révoltes répétées des tribus locales hostiles à son implantation par une incursion en territoire marocain du fait de l'absence de frontières officielles entre la France et le Maroc au sud de Beni Ounif, le Général de brigade Hubert Lyautey installa entre 1903 et 1906 de nouveaux postes destinés à sécuriser l'occupation française de la région[9].
La ville devient un chef-lieu de cercle militaire érigé en commune indigène par arrêté du 19 janvier 1904, rattaché au territoire d'Aïn Sefra[10]. Après 1930, l'organisation administrative des Territoires du Sud connaît quelques modifications, qui resteront en vigueur jusqu'en 1957. En raison de l'importance croissante de Colomb-Béchar, la ville devient le chef-lieu du Territoire d'Aïn-Sefra[11].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, un camp de concentration vichyste est installé à Colomb-Béchar, où sont soumis au travail forcé des prisonniers républicains espagnols, communistes français[12] et des Juifs[13]. C’est à proximité de Béchar que le général Leclerc a trouvé la mort le dans le crash de son B-25 Mitchell, lors d’une tempête de sable au cours d’une tournée d’inspection. Les 13 occupants de l'appareil sont tués sur le coup.
L'armée française installe en 1947 une base militaire de lancement de fusées et de fusées-sondes appelée le Centre interarmées d'essais d'engins spéciaux. Cette base fut utilisée encore après l'indépendance de l'Algérie, jusqu'en 1967, selon les termes des accords d'Évian entre la France et l'Algérie[14]. Le charbon, découvert dès 1907, ne connut un début d'exploitation qu'en 1917, puis une expansion pensée et préparée lors de la Deuxième Guerre mondiale, qui isole l'Algérie de la Métropole et nécessite un accroissement rapide des sources d'énergie locales[15]. C'est l'expansion du Bassin houiller de Djerada dans les années 1950: une centrale thermique est installée et la voie ferrée normale Méditerranée-Niger prolongée jusqu'à Kenadsa[15].
La ville de Béchar entre, par la loi du 10 janvier 1957, au sein des régions sahariennes françaises[16], collectivité territoriale française administée par le ministre du Sahara, en qualité de délégué général. Sept mois plus tard, la ville est intégrée au département de la Saoura nouvellement créé. En effet, par le décret du 7 août 1957[17], et à la suite du démantèlement des Territoires du Sud, deux départements sahariens sont créés:
Le département de la Saoura couvrant approximativement l'ancien Territoire d'Aïn-Sefra et divisé en deux arrondissements: celui de Colomb-Béchar, chef-lieu du département, englobant la partie nord-ouest, de El-Abiodh à Tindouf[18]
La ville devient une commune de plein exercice le [19]. Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, elle reprend le nom de Béchar[20].
Le 19 mai 2020, le président de l'APC est suspendu par le wali, à la suite de poursuites judiciaires engagées pour «concussion, corruption, trafic d'influence, infractions commises dans le cadre de la passation de marchés publics et dilapidation de deniers publics»[1].
L'université de Béchar regroupe 13 spécialités dont les sciences technologiques, le droit, la gestion et les lettres arabes.
Cette commune chapeaute 2 maternités sur un total de 8 maternités que compte la wilaya de Béchar.
Le développement rapide de Béchar est étroitement lié à la présence de l'armée algérienne notamment le long de la frontière marocaine.
Colomb-Béchar doit être le point de départ d'un des premiers segments du chemin de fer transsaharien Alger-Gao-Bamako-Dakar.
La ville de Béchar est représentée par plusieurs clubs dans la discipline du football, beaucoup d'entre eux ont pu arriver en D2, tels que: l'ES Béchar, US Béchar Djedid, MC Debdaba; mais seule est parvenue à se hisser en D1 algérienne la JS Saoura.
La JS Saoura qui joue régulièrement le haut de tableau du championnat national de football de première division, a également participé deux fois aux coupes internationales africaines ( Champions League africaine et coupe de la CAF )
Mohamed Abou El Kacem Al Kandoussi, un soufi, un écrivain et un grand calligraphe qui joua un grand rôle dans la culture de son époque (XIII s. h. /XIX)
Yahia Chebloune, originaire de Béchar, diplômé de l’université Claude Bernard de Lyon, le Docteur-chercheur Yahia Chebloune est un virologue qui a occupé plusieurs postes de recherche en France et aux États-Unis. Il est depuis 2013 chef du laboratoire de NanoBio2 à l’université de Grenoble (France) et du Viral Pathogenesis Kansas University Medical Center, Kansas City, USA. Il est aussi directeur de recherche en France.
Yasmina Khadra, né à Kenadsa est un écrivain, auteur de plusieurs romans et récipiendaire de plusieurs prix littéraires. Ses romans sont traduits et publiés dans une cinquantaine de pays. L'Académie française lui a décerné le Grand prix de littérature Henri-Gal, Prix de l'Institut de France 2011 pour l'ensemble de son œuvre,
Pierre Rabhi, né à Kenadsa est un agriculteur, écrivain et penseur franco-algérien.
Alla, musicien et instrumentaliste algérien et grand maître du oûd.
Dans la chanson de Michel Sardou, Le Temps des colonies (album La Vieille, 1976), la ville est citée: «Autrefois à Colomb-Béchar,
J'avais plein de serviteurs noirs
Et quatre filles dans mon lit,
Au temps béni des colonies.»
Evelyn Mesquida, La Nueve, 24 août 1944. Ces républicains espagnols qui ont libéré Paris, Paris, Le Cherche-Midi, 2011, collection «Documents». (ISBN978-2-7491-2046-1), p.219
Interview de Pierre Messmer, ancien ministre français de la Défense par Vincent Jauvert, grand reporter, Nouvel Observateur no1720, semaine du jeudi 23 octobre 1997
France. «Journal officiel de la République Française», Loi n°57-27 du 10 janvier 1957 CREANT UNE ORGANISATION COMMUNE DES REGIONS SAHARIENNES [lire en ligne]
France. «Journal officiel de la République Française», Décret n°57-903 du 7 août 1957 PORTANT ORGANISATION ADMINISTRATIVE DE LA PARTIE DES TERRITOIRES DU SUD ENGLOBES DANS L'ORGANISATION COMMUNE DES REGIONS SAHARIENNES.(DEUX DEPARTEMENTS: OASIS ET SAOURA) [lire en ligne]