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Arlequin valet de deux maîtres ou Arlequin serviteur de deux maîtres (Il servitore di due padroni ou Arlecchino servitore di due padroni) est une pièce de théâtre en trois actes de Carlo Goldoni, une comédie écrite en 1745, traduite aussi sous le titre Le Valet de deux maîtres.
Arlequin valet de deux maîtres Arlequin serviteur de deux maîtres | |
Œuvre complète de Carlo Goldoni, volume 39, 1830 | |
Auteur | Carlo Goldoni |
---|---|
Genre | Commedia dell'arte |
Nb. d'actes | 3 |
Version originale | |
Titre original | Il servitore di due padroni |
Langue originale | Italien |
Date de création | 1746 |
Lieu de création | Teatro San Samuele |
Rôle principal | Arlequin |
Personnages principaux | |
Lieux de l'action | |
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Carlo Goldoni n'est pas à l'origine du sujet qui a été joué à Paris en 1718 par Luigi Riccoboni au théâtre italien de Paris dans une pièce de Jean-Pierre des Ours de Mandajors. Carlo Goldoni l’a écrite à la demande de l’acteur Antonio Sacchi, connu pour son interprétation du rôle d’Arlequin. Truffaldin est le nom donné à l'Arlequin dans le texte original. Il témoigne dans ses mémoires :
«Il m'envoyoit même le sujet sur lequel il me laissoit libre de travailler à ma fantaisie. [. . .] C'étoit Le valet de deux Maîtres le sujet que l'on me proposoit»[1]
Dans l'ensemble, et notamment en ce qui concerne les personnages, le dramaturge s'est inspiré de la commedia dell'arte : on trouve ainsi dans cette pièce, Arlecchino, Brighella, Pantalone[2]... Goldoni l'assume clairement dans l'avis au lecteur de sa pièce :
«On peut aisément l’appeler « commedia giocosa », semblable aux autres canevas des histrions de la Commedia dell’Arte[3]»
La pièce est jouée à Venise en 1746. Mais ce n'est qu'en 1753 que Goldoni la rédige définitivement en tenant compte de l'interprétation d'Antonio Sacchi.
En effet, bien qu'elle ait été publiée en 1753, cette pièce fut écrite avant le début de son projet de réforme du théâtre, dans lequel il s'éloigne de la commedia dell'arte[réf. nécessaire].
Giorgio Strehler a mis en scène cette pièce à de très nombreuses reprises tout au long de sa carrière. Le théâtre de l'Odéon l'accueille à quatre reprises. En 1987, Giorgio Strehler crée sa sixième version d'Arlequin, au Piccolo Teatro qui se jouera dans le monde entier.
Dans la maison de Pantalon, riche marchand vénitien, on négocie les derniers arrangements du mariage qui doit unir Clarisse, la fille unique du maître des lieux, à Silvio, le fils du docteur Lombardi. Survient inopinément Arlequin, qui annonce la visite de son nouveau maître Federigo Rasponi, natif de Turin. La nouvelle plonge l'assemblée dans la stupeur : n'avait-on pas déploré tout récemment la mort de Federigo, l'ancien fiancé de Clarisse, assassiné à Turin dans une embuscade ? C'est à la suite de ce malheur que Pantalon n'avait pas hésité à promettre sa fille à un nouveau prétendant. Arlequin profite de ces débats pour faire de son côté la cour à Sméraldine, la femme de chambre de Clarisse.
Chez l'aubergiste Brighella, on apprend que c'est en réalité Béatrice, la sœur de Federigo Rasponi, qui se dissimule sous les habits de ce dernier. La jeune femme est à la recherche de son amant Florindo Aretusi. Accusé d'être l'assassin de Federigo, Florindo s'est enfui de Turin et a trouvé refuge à Venise. Brighella qui a connu les Rasponi à Turin, est le seul à avoir percé à jour l'identité véritable de Béatrice. En sortant de l'auberge de Brighella, Arlequin engage conversation avec Florindo qui s'offre à l'employer. Arlequin accepte : le voici donc serviteur de deux maîtres, qui ne sont autres, hasard facétieux, que les deux amants en quête pour l'un de l'autre !
Silvio se rend à l'auberge pour provoquer Federigo en duel. Mais Arlequin l'abuse et le conduit chez son autre maître Florindo. Silvio apprend à Florindo atterré que Federigo est vivant. Mandé par Béatrice, Arlequin est allé au bureau de poste où il a relevé le courrier de ses deux maîtres. Il mélange les lettres remet à Florindo celles qui étaient adressées à la jeune femme : le jeune homme apprend donc la présence à Venise de sa bien-aimée. Arlequin remet aussi par erreur à Florindo une bourse de cent ducats que Pantalon avait destinée à celui qu'il croit être Federigo. Béatrice-Federigo se rend à la maison de Pantalon et y rencontre Clarisse. Pour lui redonner courage, Béatrice lui révèle son identité véritable et les raisons qui l'ont conduite à se travestir. Clarisse promet de garder le secret.
Silvio et le Docteur se disputent avec Pantalon qu'ils accusent de légèreté : n'a-t-il pas, en moins d'une heure, arrangé, pour aussitôt l'annuler, le mariage de sa fille ? Silvio ne manque pas d'adresser aussi de virulents reproches à Clarisse, laquelle, enchaînée par la promesse faite à Béatrice, ne peut révéler la vérité. À l'auberge, une fois résolu le problème de la bourse des cent ducats, Arlequin se prépare à ordonner le repas de ses deux maîtres et s'entretient avec Brighella sur le choix du menu. Vient l'heure du service et voici Arlequin contraint, pour contenter ses deux maîtres, de s'agiter comme un beau diable, se multipliant de la salle où dînent Béatrice Federigo et son hôte Pantalon, à la chambre où est logé Florindo. Survient Sméraldine, qui apporte un message de Clarisse à Federigo Rasponi : dans sa lettre, Clarisse supplie Béatrice de l'aider à briser le cercle infernal d'équivoques qu'elle a provoqué. Mais la femme de chambre tombe sur Arlequin qui se met à lui faire la cour et en profite pour ouvrir la lettre de Clarisse. Béatrice fait bastonner Arlequin pour le punir de son initiative. Florindo, à son tour, bat Arlequin qui a très mal au dos.
En mettant de l'ordre dans les affaires de ses deux maîtres, Arlequin se trompe et range dans la malle de Florindo le portrait que celui-ci avait donné à Béatrice, et dans la malle de Béatrice le livre de comptes de Florindo contenant des lettres que Béatrice lui avait écrites. Ayant découvert le portrait, Florindo interroge Arlequin qui prétend en avoir hérité d'un ancien maître défunt. À Béatrice bouleversée de trouver le carnet de Florindo dans ses affaires, Arlequin raconte une fable de la même eau. Les deux amants sont accablés de désespoir. Pantalon rencontre Silvio et lui révèle la clé de l'imbroglio : Federigo n'est autre que Béatrice. Clarisse pourra donc rester fidèle à la promesse qu'elle avait faite au jeune homme.
À l'auberge, Béatrice et Florindo sont sur le point de se suicider lorsque l'intervention de Brighella les arrête. Les deux amants se reconnaissent, s'embrassent et se racontent l'un l'autre leurs rocambolesques aventures. Dans la maison de Pantalon, Silvio et Clarisse se réconcilient en présence de Pantalon et du Docteur. Ils sont bientôt rejoints par Béatrice, qui a abandonné ses habits d'homme, et Florindo, tout émoustillés encore du bonheur de leurs retrouvailles. Tout sera dit enfin lorsque Sméraldine et Arlequin, aussitôt résolue la dernière embrouille provoquée par le drôle, auront su couronner, à leur tour, leur rêve amoureux.
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