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L'architecture orientée services ou AOS (calque de l'anglais service-oriented architecture, SOA) est une forme d'architecture de médiation qui est un modèle d'interaction applicative qui met en œuvre des services (composants logiciels) :
Ce terme est apparu au cours de la période 2000-2001[1] et concernait à l'origine essentiellement les problématiques d'interopérabilité syntaxique en relation avec les technologies d'informatique utilisées en entreprise. Cette conception a évolué pour désigner maintenant le sous-ensemble particulier d'architecture de médiation en fonction de la technologie disponible.
Dans la vie de tous les jours, un fournisseur offre un service à un client le consommant dans une relation de confiance établie entre les deux parties. En général, le client s’intéresse uniquement au résultat produit du service sans avoir le besoin ni le souci de savoir comment ce dernier est obtenu. La SOA suit ce même principe. Le service est une action exécutée par un « fournisseur » (ou « producteur ») à l'intention d'un « client » (ou « consommateur »), cependant l'interaction entre consommateur et producteur est faite par le biais d'un médiateur (qui peut être un bus) responsable de la mise en relation des composants. Le service étant à grandes mailles, il englobe et propose les fonctionnalités des composants du système. Ces systèmes peuvent aussi être définis comme des couches applicatives. L'architecture orientée services est une réponse très efficace aux problématiques que rencontrent les entreprises en termes de réutilisabilité, d'interopérabilité et de réduction de couplage entre les différents systèmes qui implémentent leurs systèmes d'information. Les SOA ou AOS ont été popularisées avec l'apparition de standards comme les Services Web dans le commerce en ligne (B2B, inter-entreprise, ou B2C, d'entreprise à consommateur), fondés sur des plates-formes comme Java EE ou .NET. Elles mettent en application une partie des principes d'urbanisation. Au sein de l'architecture orientée services, on distingue les notions d'annuaire, de bus, de contrat et de service, ce dernier étant le noyau et le point central d'une architecture orientée services. La déclinaison ou plus précisément la mise en œuvre de la SOA qui repose entièrement sur Internet est appelée la WOA (Web-oriented architecture).
Au cours de la décennie 1980-1990, la problématique de l'interopérabilité des systèmes d'information, particulièrement complexe lors de la fusion ou de l'acquisition d'entreprises, a donné naissance au domaine de recherche de l'interopérabilité des données ; c'est à cette époque que l'on distingua l'interopérabilité syntaxique de l'interopérabilité sémantique des données. Ces recherches aboutirent aux systèmes multibases, aux développements des bases de données réparties et à l'architecture fédérée. En raison de nombreux problèmes insolubles, l'architecture fédérée fut pratiquement abandonnée[2].
Les deux principales exigences fonctionnelles qui se sont dégagées au cours de cette période sont :
Ces exigences fonctionnelles se cristallisèrent avec l'invention par Gio Wiederhold de l'architecture de médiation en 1990-1992[3] :
La recherche sur la médiation de données porta alors sur la création d'architecture générique comme le ARPA I3 où apparurent les cinq grandes familles de services (Adaptation, Transformation, Extension, Management et Coordination), le développement de langages à haute expressivité sémantique comme KQML et les outils de transformation sémantique de l'information comme les ontologies[4].
Parallèlement, le développement de la technologie Web rendit progressivement les autres technologies d'informatique distribuée de moins en moins attrayantes. L'arrivée en 1996 d'XML provoqua un engouement pour ce langage dans le milieu de la recherche et les langages ad-hoc ou plus complexes comme KQML furent pratiquement abandonnés, du moins pour ce type d'architecture. L'industrie développa de nombreux produits sous l'impulsion de la recherche fondamentale, par exemple, on compte plus de 150 Ph.D. en ligne directe de Wiederhold[5], la plupart ayant participé activement au développement de cette technologie chez IBM, Oracle, Sun, Microsoft, Cisco, Samsung, LG, Bell Laboratories, Silicon Graphics, Kodak, Google, Napster et autres ; comme James Duncan Davidson qui fut le créateur de Tomcat (Java Servlet et JavaServer Pages) ainsi que de Ant. À la fin de la décennie 1990-2000, on trouvait un nombre considérable de ce type de technologies dont l'interopérabilité était parfois extrêmement problématique, du moins sans recette logicielle pour la réaliser[6].
Une architecture orientée service se conforme à divers principes de gestion des services influençant directement le comportement intrinsèque d’une solution logicielle et le style de sa conception :
L’architecture orientée service représente un moyen technique d’intégration des divers systèmes d’information de l’entreprise considérant chaque ressource informatique comme un service. Elle permet de construire les buildings blocks qui composeront l'urbanisme du système d'information[7].
La notion d’interface est importante dans l’approche orientée service. En effet, elle représente le point d’entrée unique vers les fonctionnalités de la solution logicielle et assure la communication grâce à l’échange de messages. Chaque message est porteur de la sémantique particulière à la solution logicielle. De plus ce message est rédigé dans un langage compréhensible aux deux parties en présence. Les services proposés d’une architecture agile décrivent la structure des messages qu’ils attendent du client.
L’architecture orientée service est une solution logicielle distribuée. Elle propose un mécanisme d’échange de messages sécurisé entre les systèmes d’informations sous-jacents en employant des protocoles de communication standardisés. Cette approche offre à l’architecture une opportunité d’ouverture sur un large éventail de solutions logicielles existantes.
Le service est un composant clef de l'architecture orientée services. Il consiste en une fonction ou fonctionnalité bien définie. C'est aussi un composant autonome qui ne dépend d’aucun contexte ou service externe. Il est divisé en opérations qui constituent autant d'actions spécifiques que le service peut réaliser. On peut faire un parallèle entre opérations et services d'une part, et méthodes et classes dans le mode orienté objet d'autre part.
Une architecture orientée services consiste essentiellement en une collection de services qui interagissent et communiquent entre eux. Cette communication peut consister en un simple retour de données ou en une activité (coordination de plusieurs services).
Un service est une entité de traitement qui respecte les caractéristiques suivantes :
Une déclinaison du service est par exemple le service Web qui utilise WSDL (un métalangage XML) comme langage de description, un annuaire UDDI pour en permettre la localisation et un protocole de transport comme HTTP dans l'architecture REST et SOAP pour l'architecture SOA.
Il existe une hiérarchie des services correspondant aux différentes couches techniques de l'architecture d'une solution :
L'annuaire de services référence l'ensemble des services (et des contrats associés) disponibles au sein du SI, il participe ainsi activement à la mise en œuvre d'une cartographie dynamique du SI. Dans un modèle de bus, l'annuaire peut être autoalimenté par le service (enregistrement). Les annuaires UDDI forment aujourd'hui le standard de référencement des services.
L'implémentation la plus commune de SOA est celle basée sur un bus de services. Ce bus a un rôle de médiateur (middleware) entre le consommateur et le producteur du service, il permet ainsi de réaliser le couplage lâche. Le bus peut aussi fournir une gamme de services :
On parle généralement d'ESB (Enterprise Service Bus), outil de nouvelle génération pour l'IAE (Intégration d'Applications d'Entreprise, EAI) construit sur des standards comme XML, JMS (Java Message Service) ou encore les services web. La différence majeure avec l'IAE réside dans le fait que l'ESB propose une intégration complètement distribuée grâce à l'utilisation des conteneurs de services. Ces "mini-serveurs" contiennent la logique d'intégration et peuvent être déposés n'importe où sur le réseau. L'ESB est principalement un outil d'échange asynchrone disposant d'interfaces standardisées (SOAP, JMS…) ou intégrées (JBI…). Il peut aussi offrir des services à valeur ajoutée (traduction, transformation…) activés par des événements.
Une autre possibilité pour mettre en place SOA au sein d'un SI consiste à utiliser le web comme unique support de service (et non un bus). Cette approche est rendue possible par le fait que le web contient d'ores et déjà les qualités nécessaires à une SOA (routage, sécurité…).
Cependant, une telle architecture impose que tous les services soient exposés sur le web (ce qui signifie accessible depuis un URL), privilégiant ainsi les services web (rappelons que les services web ne sont pas le seul moyen d'exposer des services sur le web). L'avantage de cette conception est que le support des messages d'invocation de service (le web donc) est vraiment universel et ne nécessite aucune configuration, maintenance, évolution… Mais cette solution est actuellement assez dépréciée dans les situations où les performances sont un critère discriminant (cf. inconvénients des services web).
Cette solution semble, en termes de pure architecture (considérations techniques mises à part), vraiment plus conforme aux principes de SOA[8].
À l'heure où ce paragraphe a été écrit (été 2008), WOA est encore jeune et sans véritable formalisme, elle suscite encore de nombreux débats. Ainsi il est nécessaire de prendre tout le recul nécessaire quant à la description présentement faite de WOA
Qworum est un exemple de technologie WOA.
Les architectures SOA se reposent principalement sur l’utilisation d’interface d’invocation (SOAP, ancien acronyme de Simple Object Access Protocol) et de vocabulaire de description de données (WSDL, Web Services Description Language et XML, Extensible Markup Language) qui doivent être communs à l’ensemble des agents (fournisseurs de services et utilisateurs de services).
Ce dispositif permet de réutiliser les applicatifs métiers, le but étant de permettre à l’entreprise de s’adapter rapidement à un nouveau contexte de marché.
En termes d'intéropérabilité, les architectures SOA reposent en partie sur les normes décrites à travers le WS-I.
Parmi les différentes couches de normes et protocoles qui permettent de bâtir de telles architectures, on relève :
Une architecture SOA pourra être complétée par :
OASIS[9] (Organization for the Advancement of Structured Information Standards) est un consortium à but non lucratif qui pilote le développement, la convergence et l'adoption des standards "OPEN" pour les architectures de systèmes d'information.
Aux alentours de 2013 un certain nombre d’entreprises, tel que Netflix[12], ont appliqué les patterns de la SOA en prenant en compte les évolutions technologiques (conteneurisation, kubernetes, kafka…) de l'époque. Les retours d’expérience précédents ont permis d’affiner certains des principes, notamment la granularité des services[13], d’où l'appellation de « Microservices ». De ce point de vue, on peut considérer les microservices comme une évolution de la SOA[14].
La SNCF a mis en place une architecture de type SOA pour son système de réservation (recherche d'horaire, demande de tarif, réservation…) qui prend en charge à la fois les terminaux des guichets des agences et gares, et les sollicitations de son site web de commande en ligne Voyages-sncf.com.
Le groupe Air France-KLM a lui aussi décidé en de choisir une architecture orientée service pour son SI (architecture à base de web services, elle remplacera à terme l'architecture SOA « maison » qui est en place depuis les années 1990). L'entreprise opte pour cette architecture dans le but de « rendre son SI à la fois évolutif et réactif » [15].
Enfin, l'administration française se modernise également à travers la rénovation de l'infrastructure technique dans certains ministères, dont la Défense et les anciens combattants. Par exemple, l'équipe de projet du prochain système d'information ministériel des achats envisage de recourir à une architecture de services reposant sur un ESB. En effet, ce SI HA ministériel devra échanger avec de nombreux autres. Ainsi, la SOA lui permettra de s'intégrer dans un paysage contraint par un fort besoin d'interopérabilité.
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