Aïn Chaïr
commune de Figuig, Maroc De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Aïn Chaïr (en amazighe : ⵄⵉⵏ ⵛⵄⵉⵔ, en arabe : عين الشعير) est un village marocain situé à quelques kilomètres de la frontière algérienne dans la province de Figuig, dans la région de l'Oriental.
Située à 175 km de Figuig et proche de la frontière algérienne, Aïn Chaïr est l'oasis la plus proche de l'Europe, jaillie au cœur du désert, dans un décor étonnant, entre les montagnes, les sables ocrés et le ciel d'un bleu éblouissant. Une vue qui vous coupe le souffle.
L’oasis fait partie d’un grand nombre d’oasis s'étendant entre Agadir et Figuig, jusqu’en Algérie et Tunisie. 1 500 personnes vivent aujourd’hui dans cet ancien Ksar le premier au Maroc à voir l’arrivée des troupes françaises provenant d’Algérie. La commune fait partie de l’administration du Cercle de Beni-Tadjit, Province de Figuig.
On manque de références concernant l'histoire de la région. La principale source d'information est la transmission orale de génération en génération.
Les habitants de ce village se réclament descendants de Fatima par le biais de Moulay Slimane.
Anciennement, le village d'Aïn Chaïr a plusieurs noms : « la source blanche » (العين البيضاء) et « la source Bni Mghit » (العين بني مغيت). La dénomination actuelle, « la source de l'orge » est mentionnée dans quelques documents français à la fin du XIXe siècle, du fait de la grande quantité d'orge qui y est produite.
La situation stratégique de l’oasis d’Aïn Chaïr lui apportait une certaine richesse. Elle constituait en effet un point d’escale pour les caravanes commerciales, et un lieu de cohabitation pour les différentes communautés. Ainsi, d'abord habitée par une population amazighe, elle a ensuite connu un processus historique caractérisé par un mélange de populations amazighe et arabe. Ils constitueront plus tard une tribu divisée en plusieurs groupes (treize cuisses), chaque quartier prenant le nom de la cuisse.
La langue amazighe est la langue maternelle des habitants et la langue arabe est une langue secondaire pour parler avec les étrangers. Celle-ci est également utilisée pour le folklore local.
Le village était donc composé de plusieurs éléments socio-ethniques : les éléments arabes (achraf الاشراف, descendants du prophète), les Amazighes et les populations d'origine sub-saharienne. Les décisions étaient prises par la djemâa, assemblée des notables. Celle-ci est constituée des membres de la zaouïa, centre spirituel, ainsi que des musiciens folkloriques. Les coutumes à Aïn Chaïr ont régi la population dans l'organisation des relations générales quotidiennes entre les éléments du qsar.
La pyramide sociale se compose comme suit :
En 1870, l'armée française envoya des belligérants à l'assaut du village fortifié de Aïn Chaïr afin de capturer des rebels algériens réfugiés dans le ksar. Un conflit s'engagea donc.
Le , les Français attaquèrent le ksar d'Aïn Chair, centre d'approvisionnement des insurgés. Après une demi-heure de canonnade, les tirailleurs sont lancés à l'assaut du village fortifié, mais se heurtent à une forte défense et doivent reculer, perdant 150 hommes dans l'engagement. Bailleul, alors sergent major, est atteint d'un coup de feu à la cuisse gauche. Le village fera soumission le lendemain en donnant 200 sacs d'orge à l'armée française en guise de tribut.
Au début du XXe siècle, la population d’Aïn Chaïr diminue ainsi que la concentration d’activités. En découle un exode rural et le nombre d’habitants passe d'environ 5 000 à 1 000 habitants. Aïn Chaïr était un point de traversée des nomades pour s’approvisionner en orge et en dattes.
Aïn Chaïr fait partie d’une chaîne d’oasis éparpillées le long du versant Sud-Est du Haut-Atlas. À cet endroit, le relief est caractérisé par une dépression alluviale, qui permet de rendre disponible des terres arables et cultivables ainsi que l’eau pour l’irrigation. La source d’eau qui vient apporter la vie à cette oasis est une source permanente.
Le paysage naturel qui entoure l’oasis est marqué par sa complexité et sa diversité : des types de relief sahariens y règnent (ergs, dunes de sable, oueds secs, glacis…), des formations récentes du Quaternaire reposent directement sur le socle précambrien et un rideau montagneux d’un grand intérêt géologique, minéralogique et même botanique.
L’oasis se caractérise par un climat sec et continental dominé par les influences sahariennes : hiver relativement froid ; été chaud et sec et précipitations ne dépassant pas 200 mm/an. Mais l’aspect forestier de l’oasis contribue à l’adoucissement de la sévérité du climat et donne à l’oasis un micro-climat spécifique.
De plus, l'oasis bénéficie d'une abondance d’eau souterraine que la formation géologique et l’évolution géomorphologique de la région lui réservent, car elle occupe une dépression alluviale qui constitue le seul exutoire des eaux souterraines du bassin hydrologique de Tamlelt et d’une partie des hauts plateaux au nord. Ce phénomène se manifeste par la faible profondeur de la nappe souterraine et par le jaillissement des sources dont le débit dépasse 30 litres par seconde. Ces eaux sont drainées par un système de khettara et seguias pour irriguer une palmeraie couvrant plus de 900 hectares.
Mais ce phénomène positif est actuellement menacé par l’exploitation intense de la nappe souterraine due à l’extension des périmètres irrigués qui entourent l’oasis de l’est et du nord–est et qui utilisent des techniques d’irrigation puissantes (forages plus profonds, moteurs, pompes, tubes plastiques…). Tout cela se passe sous l’action de « aménagement des terres bours » et en l'absence d’une étude sur les potentialités de la nappe et la faisabilité de son exploitation.
Le ksar est un village fortifié que l'on trouve en Afrique du Nord. Le ksar est entouré de grandes murailles. Le mot ksar prend plusieurs significations qui sont parfois contradictoires en arabe (château, forteresse). En amazighe, le mot qui désigne le ksar (اغرم) est relatif à une construction qui donne le calme et la prospérité. Le ksar d’Aïn Chaïr n’est pas différent des autres ksars, si ce n’est pour quelques détails.
Le ksar d’Aïn Chaïr est constitué d’un seul ksar avec deux noyaux : l’un s’appelle ksar Ouihlan (قصرويحلان), et l’autre s’appelle le grand ksar. Au milieu du grand ksar, s'élève la mosquée, et il est entouré de murailles, percées de trois portes.
La muraille constitue une chaîne continue de grands murs d’une hauteur unique, entre 5 et 7 mètres. Elle est construite d'un mélange de pierres et de terre. Son rôle est la protection du ksar des risques et des dangers extérieurs, ce qui reflète que le ksar était toujours en danger. Malheureusement, les murailles ne sont plus existantes, il en reste seulement quelques traces.
Les tours étaient présentes à chaque point cardinal du ksar. Il y avait cinq tours composées de deux étages ou plus. Pour monter, on trouve des escaliers et la tour est de forme carrée, contrairement à l’oasis de Figuig où les tours sont de forme circulaire. À l’intérieur, il y a de petites fenêtres et de petites passerelles pour faciliter le déplacement du gardien.
Les portes sont à l'époque au nombre de cinq. Les portes sont fermées chaque jour au coucher du soleil et ouvertes à l’aube. Le gardien reste là-bas toute la journée. Les portes sont construites en bois de dattiers. Les planches de bois sont attachées avec de l’abricotier et le grenadier.
La société oasienne fait face à une contrainte particulière en ce qui concerne l’architecture : leurs constructions doivent résister à des températures à la fois très chaudes et froides. Des innovations ont donc vu le jour, notamment dans la région du Sud-Est du Maroc. Chaque maison est constituée de deux ou trois étages, et on trouve des piliers du rez-de-chaussée au 2e-3e étage. Les chambres dépendent de la superficie de la maison.
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