L'église Notre-Dame-de-l’Assomption est digne d'une cathédrale tenant à la fois de l'école champenoise et de l'école bourguignonne. La première pierre fut posée en 1163 par le pape Alexandre III qui posa la même année la première pierre de Notre-Dame de Paris (orgue, vitraux, sculptures). Le clocher, commencé au XIIIesiècle et terminé en style gothique flamboyant après 1546, mesure 47 mètres de hauteur[3].
Le portail de l'église a été construit en 1575 à partir d'un dessin de Jean Cherreau, architecte et tailleur de pierre demeurant à Joigny. Ce dessin sur parchemin a été retrouvé et offert à la ville par le baron de Chateaubourg.[réf.nécessaire]
Sous la plateforme du clocher se trouvaient avant la Révolution sept cloches qui correspondaient aux sept notes de la gamme.
Trois d'entre elles ont été requises pour la défense nationale et envoyées à Paris afin d'être fondues. Parmi les trois restantes on a compté la grosse cloche en bronze de 1 850 kilos et de 7 centimètres d'épaisseur, qui donne le do naturel. Fabriquée en 1766, elle a été fêlée par accident et refondue sous la halle en 1821 pour le baptême du duc de Bordeaux, Henri d'Artois. La seconde de 1,30 mètre de diamètre qui donne le ré pèse 1 250 kilos et a été bénite en 1691. La troisième qui portait le nom de Chiméry datait de 1504 et pesait 200 kilos. L'ancien tocsin avait été rajouté comme quatrième cloche pour donner le ré et pesait 150 kilos. Après la Libération, on fit fondre Chiméry et l'ancien tocsin en rajoutant du métal pour faire une cloche qui donne le sol. Elle fut bénie en 1946 en présence de l’archevêque de Sens Monseigneur Lamy, du curé Vabois, du maire Monsieur Condemine, du député et du sous-préfet de Sens[4].
L'intérieur est composé de trois nefs de douze travées.
L'église contient plusieurs sculptures et objets classés, propriétés de la commune dont:
une dalle funéraire du XVIesiècle à décor compagnonnique, en pierre gravée, classé aux Monuments historiques au titre d'objet en 1992.
sculpture de l'aigle-lutrin en bois polychrome de la seconde moitié du XVIIesiècle, classé aux Monuments historiques au titre d'objet en 1995.
Les chapelles
La première à droite en entrant est consacrée à Notre-Dame-des-Vertus. Elle comprend une statue du XIVesiècle en pierre blanche de la Vierge à l’oiseau, du XIVe qui provient de l’ancienne porte Notre-Dame[3]. Elle comprend un grand vitrail Renaissance décrivant la vie de la Vierge.
La deuxième est dédiée à saint Nicolas, patron des mariniers, dont la verrière du XVIesiècle décrit la vie du saint.
La troisième (dans l'abside) est dédiée à saint Joseph. Elle comprend une petite statue de saint Vincent, patron des vignerons[3].
La quatrième chapelle est la chapelle de la Sainte Vierge au milieu de l'abside et l'axe du maître-autel. Elle présente des reliquaires de saints.
La cinquième (dans l'abside) est la chapelle du Sacré-Cœur qui comprend le tableau du bon Samaritain offert par madame de Chateaubriand. La verrière représente l'arbre généalogique du Christ, dit Arbre de Jessé[3]. La particularité de ces trois chapelles absidiales de style gothique (XIIIe siècle) est d'être reliées par des ouvertures en anse de panier, ce qui est fort rare[5].
La sixième est la chapelle Saint-Louis avec une statue du Christ aux liens et un tableau du XVIIIesiècle représentant Saint Louis recevant la sainte Couronne d'épines.
La septième renferme les fonts baptismaux. Elle comprend un bas relief Le Repos en Égypte de 1889 d'Émile Peynot.
La huitième chapelle du Saint-Sépulcre comprend un groupe sculpté de La Mise au tombeau, composé de six personnages en pierre XVIesiècle: Nicodème et Joseph d'Arimathie de chaque côté, et debout Madeleine, saint Jean, la Vierge, deux autres saintes femmes Marie-Salomé et Marie, femme de Cléophas, et enfin d'un autre artiste le Christ en bois de tilleul XIVesiècle. Ce groupe classé aux Monuments historiques au titre d'objet en 1992 provient du monastère des Prémontrés de Dilo (Arces-Dilo)[3].
La neuvième chapelle Notre-Dame-de-Lourdes comprend au-dessus de l'autel une vierge polychrome en pierre du XVIesiècle.
La dernière chapelle comprend une statue et un vitrail en médaillon de saint Roch à qui elle est dédiée.
Mise au tombeau
Ouverture en «anse de panier» entre la chapelle de la Sainte Vierge et la chapelle du Sacré-Cœur
Les vitraux
Il y a vingt verrières des XIIIesiècle, XIVesiècle, XVIesiècle, classées monuments historiques au titre d'objet en 1992.
Le vitrail de la chapelle Saint-Nicolas XVIesiècle représente les épisodes de la vie du saint avec un panneau en bas à droite de La Pêche miraculeuse.
Le vitrail de la Crucifixion a été donné par le prévôt de Villeneuve, Claude Dindelle (qui se fait représenter avec sa femme), en 1529. Le panneau central de la Crucifixion a disparu, mais il a été remplacé par une remarquable Pietà de la Renaissance, encadrée par les panneaux de la Vierge à gauche et de saint Jean à droite, sur un fond architecturé[6]. On remarque en haut Dieu le Père entouré dans les lobes des symboles des évangélistes.
Le grand vitrail de la vie de la Vierge d'époque Renaissance, qui se trouve dans la chapelle Notre-Dame-des-Vertus, illustre la Nativité de la Vierge, la Mort de la Vierge et l'Assomption. L'homme aux bésicles, détail fort rare pour cette époque, se trouve en train de lire devant le lit de la Vierge dans le panneau du milieu représentant la Mort de la Vierge. Il s'agit d'un des plus vieux personnages à lunettes sur vitraux[5].
Le petit orgue de chœur à tuyaux a été construit en 1898 par le facteur d'orgue Narcisse Duputel de Rouen[8]. Villeneuve-sur-Yonne disposait d'un orgue en 1622 puisque des travaux de réparation ont été commandés à Jean Duval, organiste à Saint-Florentin, et que l'organiste de Villeneuve était Nicolas Godier qui a été remplacé en 1633 par Louis Languille et en 1696 par Nicolas Massé.
En janvier 1737, une assemblée des habitants décide de faire réaliser les grandes orgues actuelles à trois claviers par Marcellin Tribuot pour la somme de 5 100 livres. L'orgue est terminé en et son premier organiste est Jean-Baptiste Duvergier[9]. Il est classé aux Monuments historiques en 1997.
Les peintures
Chapelle Saint-Louis
Saint Louis recevant la sainte Couronne d'épines, toile de De Beauvais, 1769. Elle comporte une inscription «Saint Charles Borromée», classée Monuments historiques au titre d'objet, 1992
L’Adoration des bergers, toile de François-Guillaume Ménageot, fin XVIIIesiècle, classée aux Monuments historiques au titre d'objet, en 1992. Commandé pour le retable de l'église Saint-Jean-Baptiste de Neuilly-sur-Seine, ce tableau a été décroché à la Révolution, puis après avoir figuré dans les réserves du Louvre, il a été donné à cette église avec la permission de Napoléon en 1810[10].
Maître-autel
Vierge à l'Enfant, peinture sur bois du XVIesiècle, classé Monuments historiques au titre d'objet, 1992
Afin de restaurer l'église, la ville de Villeneuve a organisé le une loterie au capital de 100 000 F. Le prix représentait 250 tonnes de pain de l'époque qui coûteraient 675 000 € en 2012 avec le kilogramme de pain à 2,70 €.
Le , c'est un match de gala pour la restauration de l'église qui oppose l’équipe du Maire (Peppone) contre l’équipe de l’Abbé (Don Camillo) pour un gain d'environ 1 000 €.
En 2012, des travaux de restauration d'urgence, d'un coût de 2,4 millions d'euros, qui vont durer trois ans, sont engagés. La charpente et la couverture en tuiles doivent être refaites entièrement. Ils sont financés par la Direction générale des affaires culturelles[11] pour 40%, le conseil général pour 20% et la commune[12].
En 2016, une nouvelle croix en pierre de Saint-Maximin est posée sur le faîte du pignon ouest, remplaçant celle de 1597 ôtée à la Révolution[13].
Villeneuve-sur-Yonne de la préhistoire à nos jours, brochure réalisée par les membres du groupement archéologique de Villeneuve-sur-Yonne, imprimerie de l'observateur, 1953
Villeneuve-sur-Yonne de la préhistoire à nos jours, par les membres du groupe archéologique de Villeneuve-sur-Yonne, les presses de "l'observateur", 1953
Jean Taralon, Anne Prache et Nicole Blondel, Les vitraux de Bourgogne Franche-Comté et Rhône-Alpes, coll. «Corpus Vitrearum», vol. III, Éditions du CNRS, Paris, 1986, 350 p., (ISBN2-222-03670-4), p.195-199.