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secteur économique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'économie informelle (ou économie grise) est l'activité économique qui est réalisée sans que l'activité fasse l'objet d'un regard ou d'une régulation de l'État[1]. Elle n'est de fait ni fiscalisée ni déclarée. Le caractère « informel » d'une activité ne doit pas être assimilé automatiquement au fait qu'elle s'exerce de façon « non marchande » (le travail au noir est rémunéré) ou de manière « illégale » (le travail domestique est bien légal).
Le terme a pour origine les travaux de l'anthropologue Keith Hart (en) et la notion de « secteur informel » (ou « secteur non structuré ») correspond généralement à celle définie par le Bureau international du travail.
Pour certains, l'économie informelle est un simple résidu de l'économie de l'ère préindustrielle (l'économie familiale), un manque de l'État-providence et de la société des loisirs (l'économie conviviale) ou le résultat des perversions de l'économie moderne (le travail au noir).
Pour d'autres, l'économie informelle, loin de disparaître, semble jouer le rôle de soupape de sécurité des économies normalisées et être un gage de flexibilité des sociétés/dans le cadre desquelles les performances toujours plus élevées qu'on y attend n'y sont obtenues qu'au prix d'une « suradaptation », elle-même source de nouvelles rigidités.
Plusieurs facteurs sont pointés qui semblent contribuer à l'existence et au maintien du travail et du secteur informel :
Le secteur informel occupe une place importante, sinon dominante :
Le secteur informel joue souvent un rôle majeur dans les pays en développement où la puissance publique ne dispose pas du pouvoir de superviser ou de normer les relations de travail. La part de l'économie informel (en pourcentage du PIB des pays concernés et en pourcentage des travailleurs) a diminué depuis les années 1990[2].
Les activités « informelles » correspondent à la création et à l'existence d'une « économie grise » : elles sont favorisées par l'existence de dysfonctionnements résultant d'un contexte structurel ou des pratiques de certains agents économiques.
Pays | % | Année |
---|---|---|
Inde (femmes) | 97 % | 1993 |
Égypte | 90 % | 1993 |
Inde (hommes) | 89 % | 1993 |
Philippines | 85 % | 2001 |
Corée du Sud | 77 % | 2004 |
Brésil | 75 % | 1999 |
Malaisie | 74 % | 2001 |
Chine | 72 % | 2001 |
Tanzanie | 70-95 % | 2003 |
Mexique | 66 % | 2001 |
Les accompagnements de malades et handicapés (membres de la famille, proches) apportent une aide informelle, souvent difficile à mesurer, souvent très chronophage et parfois épuisante, mais très importante.
Bernard van den Berg et ses collaborateurs en 2004 ont défini « les soins informels comme un ensemble de services non commerciaux, divers et variés, fournis par un ou plusieurs membres de l'entourage du bénéficiaire. Ces services, qu'ils soient rémunérés ou non, sont mis en place en réponse aux besoins spécifiques du bénéficiaire des soins »[5].
L'économie familiale était autrefois la composante la plus importante de l'économie et assurait l'essentiel des activités de production. Son déclin relatif est dû au développement de l'économie de marché, au développement de l'économie sociale qu'il a fallu financer (assurance maladie, retraites, chômage, services sociaux) et au besoin des économies modernes de contrôler les flux économiques.
Les principaux travaux réalisés dans le cadre de l'économie familiale sont :
Selon une étude de l'INSEE (organisme français), s'il fallait valoriser au prix de marché cette économie familiale, elle représenterait au moins une somme égale aux deux tiers du produit intérieur brut. De plus, cette économie, favorisée par le haut niveau de chômage et le temps libre, semble être en pleine expansion.
Si, à ses activités de base, on ajoute d'autres activités plus commerciales ou de services comme l'aide à l'exploitation familiale agricole ou artisanale (récolte de productions agricoles, petite comptabilité, accueil et renseignements des clients, etc.), l'économie familiale représenterait plus des trois-quarts du PIB.
L'économie souterraine (dite aussi « parallèle », ou « clandestine », ou « occulte ») regroupe trois formes d'activités très différentes :
Ces formes ont au moins trois points communs :
Dans certains cas, la réglementation permet de cadrer ou de lutter efficacement contre certaines pratiques, même si leur maintien prête par ailleurs à discussion :
L'existence d'une importante économie souterraine est quelquefois présenté comme le signe d'un dysfonctionnement grave de l'économie formelle ou des services publics de l'État. Si le travail au noir existe, ce serait que le marché officiel du travail connaît des rigidités qui paralysent le développement de l'emploi officiel ou qui en empêche l'accès, cela peut aussi indiquer que dans certains domaines, le coût réel du travail — salaire et cotisations sociales — est devenu insupportable pour la demande. Le dysfonctionnement peut être caractérisé par :
Il semble impossible de lutter contre le marché souterrain avec une garantie de succès par seulement la répression : même dans l'URSS, où la fraude économique était punie de la peine de mort, le travail au noir et ses mille petites astuces fleurissaient.
Le passage en dehors de l'économie informelle peut faciliter l'accès au crédit bancaire pour les entreprises des pays africains. La peur de la formalisation et de la complexité fiscale freine la sortie des entreprises de l'économie informelle[6].
Quitter l'économie informelle est difficile lorsque l'administration est corrompue. De plus, lorsque le secteur informel est la règle générale, le secteur formel voit se concentrer sur lui les prélèvements obligatoires, ce qui rend d'autant plus coûteux la formalisation à l'échelle individuelle[7].
L'économie informelle prend des formes diverses. En font partie, de façon occasionnelle ou durable, des individus (par exemple vendeur de rue ou collecteur d'ordures) et des entreprises (par exemple des systèmes de transport comme celui de Lima au Pérou). L’économie informelle inclut notamment les travailleurs à domicile dans le domaine du textile et le personnel sans statut d’entreprises formelles ou non. Les employés travaillant dans le secteur informel peuvent être classés comme travailleurs salariés, travailleurs non-salariés ou une combinaison des deux[8].
Les statistiques sur l'économie informelle sont de par leur objet même à interpréter avec précaution, mais fournissent des indications sur ses dimensions. L'emploi informel représente en 2016 58,7 % de l'emploi non agricole dans la région Moyen-Orient - Afrique du Nord, 64,6 % en Amérique latine, 79,4 % en Asie et 80,4 % en Afrique subsaharienne[9]. Si l'on inclut l'emploi agricole, les proportions augmentent, dans certains pays comme l'Inde et de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, au-delà de 90 %. Les estimations pour les pays développés sont d'environ 15 %[10]. Selon de récentes études, l'économie informelle dans de nombreuses régions a diminué au cours des 20 dernières années jusqu'en 2014. En Afrique, la part de l'économie informelle a diminué pour atteindre environ 40 % de l'économie[11].
Dans les pays en développement, la plus grande partie du travail informel, environ 70 %, est un travail indépendant. L'emploi salarié prédomine. La majorité des travailleurs de l'économie informelle sont des femmes. Les politiques et les développements affectant l'économie informelle ont donc des effets spécifiques du point de vue du genre.
L'organisation internationale du travail estime en 2018 que plus de 60 % de la population mondiale travaille dans l'économie informelle. Ce taux est de 63 % pour les hommes contre 58,1 % pour les femmes. Un niveau d'éducation plus élevé est associé à une diminution de l'activité informelle. Il existe de fortes disparités géographiques : l'emploi informel représente en Afrique 85,8 % de l'emploi, les États arabes 68,6 %, l'Asie et le Pacifique 68,2 %, le continent américain 40 % , l'Europe et l'Asie centrale 25,1 %[12].
Selon un rapport de la Banque mondiale paru en 2021, l'économie informelle qui représente 70 % de l'emploi total et un tiers du PIB des pays émergents a des conséquences fortement négatives sur la croissance et la pauvreté : elle « diminue la capacité à mobiliser les ressources budgétaires nécessaires pour soutenir l'économie en cas de crise, à mener des politiques économiques efficaces et à renforcer le capital humain pour le développement à long terme »[13].
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