Mer d'Iroise
partie de la mer Celtique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La mer d'Iroise, ou Iroise, est une mer bordière baignant les côtes occidentales du Finistère, en Bretagne. Elle est une division de la mer Celtique, elle-même division de l'océan Atlantique. Elle est limitée au nord par l'île d'Ouessant, l'archipel de Molène et la chaussée des Pierres Noires ; au sud par la chaussée de Sein. Sa limite occidentale est une ligne allant des écueils ouest de l'île d'Ouessant à l'extrémité de la chaussée de Sein. Elle communique à l'est avec la rade de Brest (par le goulet de Brest) et avec la baie de Douarnenez.
Mer d'Iroise | |
La mer d'Iroise. | |
Géographie humaine | |
---|---|
Pays côtiers | France |
Subdivisions territoriales |
Finistère |
Géographie physique | |
Type | mer bordière |
Localisation | Mer Celtique (océan Atlantique) |
Coordonnées | 48° 12′ 00″ nord, 4° 52′ 00″ ouest |
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Parsemée de récifs, animée par de forts courants de marée provenant d'étroites passes, elle est exposée à de fréquentes et intenses tempêtes hivernales.
Riche en biodiversité, elle est comprise depuis 2007 dans le parc naturel marin d'Iroise. Elle ne doit pas être confondue avec ce dernier, dont l'étendue est plus vaste. Elle ne doit pas être confondue non plus avec la très large zone météorologique « Iroise » qui s'étend jusqu'à l'estuaire de la Vilaine.
Le nom de cette étendue d'eau a changé au fil du temps. Quatre noms correspondent à quatre périodes bien marquées : « Bressont » au XVIIe siècle, « passage de l'Iroise » au XVIIIe, « Iroise » au XIXe et dans la majeure partie du XXe, et « mer d'Iroise » depuis la fin du XXe siècle.
Deux cartes hollandaises du XVIIe siècle désignent l'endroit par « Breesondt ». Une carte anglaise de 1701 écrit « Bresont »[1].
L'origine du nom Iroise est obscure. Selon le chanoine Jourdan de La Passardière[2], il pourrait provenir du féminin de l'ancien nom Irois. Ce serait une allusion aux Irlandais qui empruntaient ce passage en arrivant aux côtes bretonnes[3]. Cette explication ne convainc pas du tout Bernard Tanguy. L'historien croirait plus à l'hypothèse d'une francisation du mot hirwazh — sans en être complètement satisfait. Hir (« long ») appartient en effet au vieux breton (antérieur au XIe siècle), tandis que rien ne prouve que gwazh (« ruisseau ») soit aussi ancien dans le sens particulier de « chenal, passage, passe »[4].
Le mot « Iroise » apparaît en 1693 sur deux cartes :
Nicolas de Fer indique en 1705 « Passage de Lyroise »[3] ; et en 1711 « Passage de l'Iroise », graphie qui va s'imposer chez les autres cartographes du XVIIIe siècle[6].
Sur une carte de Beautemps-Beaupré levée en 1817 et parue en 1819, « Passage de l'Iroise » devient « Iroise ». Ce nom s'impose dès lors[7].
C'est à la fin du XXe siècle que le nom de « mer d'Iroise » apparaît[1],[8]. Il s'impose, et les auteurs s'accordent aujourd'hui sur lui[9], [10], [11], [12], [13], [14], [15]. , [4]. Le Shom (Service hydrographique et océanographique de la Marine) reste fidèle à « Iroise »[16].
La mer d’Iroise est caractérisée par un régime macrotidal semi-diurne dont le marnage varie entre 3 m en marée de morte-eau (coefficient 45) et 7 m en vive-eau exceptionnelle (coefficient 120)[17].
Durant une campagne de mesure effectuée sur le phare de la Jument pendant l'hiver 2017-2018, une hauteur de vague maximale de 24,60 m a été relevée avec des épisodes de tempêtes considérés comme classiques [18],[19].
Bernard Tanguy observe que, « si le nom d'Iroise est largement connu du public, il n'est pas dit que beaucoup sachent précisément ce qu'il recouvre[4] ». À l'est, la mer d'Iroise communique par le goulet de Brest avec la rade de Brest, et plus largement avec la baie de Douarnenez[9],[11],[14]. La carte de 1705 de Nicolas de Fer suggère que le « passage de Lyroise » n'est rien d'autre que l'accès au goulet de Brest[3]. Mais, « pour les cartographes les mieux renseignés (les auteurs des cartes marines, et Jean Ogée, par exemple)[1] », le passage de l'Iroise « dessert, à l'est, aussi bien la baie de Douarnenez que la rade de Brest[20] ».
La mer d'Iroise est donc limitée :
Jean-Pierre Pinot considère que les cartographes anciens donnent pour limite ouest « la ligne qui joint les dangers les plus occidentaux d'Ouessant à ceux de la chaussée de Sein[1] » (de 5° 9′ à 5° 5′ de longitude ouest).
Si les auteurs s'accordent quant aux limites de cette étendue d'eau, ils hésitent lorsqu'il s'agit de la définir : « espèce de golfe[21] », « petite mer bordière[9] », « mer semi-fermée[12] », « passages maritimes[23] », « espace maritime restreint[3] », « bras de mer[4] »…
Le nom d'Iroise est emprunté pour désigner deux zones dont l'étendue ne correspond pas à celle de la mer d'Iroise, ce qui peut introduire une certaine confusion.
Le parc naturel marin d'Iroise, créé en 2007, est bien plus grand que la mer d'Iroise. Il couvre 3 500 km2, l'équivalent de la moitié du Finistère. Il s'étend au nord jusqu'au parallèle 48° 31′ N (pointe des Capucins) ; à l'ouest jusqu'à « la limite extérieure de la mer territoriale » ; au sud jusqu'au parallèle 47° 59′ N, mais en excluant les eaux du cap Sizun. Il comprend la baie de Douarnenez, mais pas la rade de Brest[24].
Météo-France a une zone de météorologie marine appelée « Iroise »[25]. Son étendue est très vaste, sans commune mesure avec celle de la mer d'Iroise. Au large, elle s'étire jusqu'au 6° O. En latitude, elle va du 48° 27′ N (latitude de l'île d'Ouessant et de Lampaul-Plouarzel) au 47° 30′ N (au sud-est, elle couvre jusqu'à l'estuaire de la Vilaine).
Alternant côtes rocheuses avec ou sans falaises, dunes et abers, le littoral continental de l'Iroise se compose du nord au sud des zones topographiques suivantes :
L'Iroise est parsemée d'écueils, d'îlots et d'îles : chaussée de Sein et rochers de Tévennec, archipel de Molène et chaussée des Pierres Noires, île d'Ouessant, île Vierge, îles de l'Aber-Wrac'h, îles de Landéda, roches de Portsall et île Carn, roches d'Argenton et île d'Iock, Tas-de-pois et rochers du Toulinguet, île Tristan… Ses brutaux écarts de profondeur et sa position au débouché-sud de la Manche y induisent en outre de vigoureux courants de marée circulant vers le nord-est durant le flot et s'inversant avec le jusant. Ils atteignent des vitesses remarquables dans le chenal du Four, le goulet de Brest, le passage du Fromveur et le raz de Sein (8 à 10 nœuds dans ces deux derniers). Combinée à ces forts courants, la puissante houle de l'Atlantique-Nord y forme une mer croisée s'avérant redoutable lors des fréquentes et sévères tempêtes hivernales auxquelles l'Iroise est exposée, ces dernières ayant notamment provoqué des submersions marines à Sein et Penmarch…
Les conditions de navigation qui résultent de sa typologie océanographique font de l'Iroise l'une des zones maritimes les plus dangereuses d'Europe : naufrages de Sein (Boehlen…), Penmarch, Ouessant-Molène (Drummond Castle, Olympic Bravery…), Portsall (Amoco Cadiz)…
Si la Bretagne compte à elle seule plus de 75 % des phares de France, en matière de signalisation maritime, c'est l'Iroise qui est la zone maritime où la densité de phares et balises est la plus importante de l'hexagone, en lien avec le nombre de dangers à parer y étant considérable : « Qui voit Molène voit sa peine, qui voit Ouessant voit son sang, qui voit Sein voit sa fin !… ». Les instances touristiques finistériennes revendiquent que la mer d'Iroise compte la plus grande concentration de phares au monde (la côte d'Iroise entre la pointe Saint-Mathieu et la pointe du Raz regroupe 19 phares terrestres dont 4 sont ouverts de manière systématique une bonne partie de l'année, sans compter les phares en mer)[26]. Parmi eux, le phare du Créac'h, le plus puissant d'Europe, le phare maudit du Tévennec ou le phare du Stiff, le doyen des phares bretons. La mer d'Iroise compte aussi plusieurs phares mythiques isolés en pleine mer : La Jument et Kéréon dans le passage du Fromveur, Les Pierres Noires au sud-est de l'archipel de Molène, La Vieille accompagnée de Tévennec dans le raz de Sein, Ar-Men à l'extrémité occidentale de la Chaussée de Sein… La côte continentale et les îles abritent également de nombreux phares : celui de la pointe Saint-Mathieu, le Petit Minou et le Portzic dans le goulet de Brest, le phare de l'île de Sein, les cinq phares d'Ouessant, le Toulinguet au bout de la presqu'île de Crozon, Le Millier sur la côte nord du cap Sizun… Sans parler de toutes les autres balises de moindre importance, bouées, tourelles et feux d'entrée de port.
Les opérateurs économiques et touristiques finistérienns ont lancé dans les années 1990 une première Route des phares qui n'a pu se démarquer dans l'offre touristique foisonnante. Impulsé par le pôle métropolitain du Pays de Brest, le groupement d'intérêt public "Brest terres océanes" créé en 2015 relance[27] ce concept[28].
En dépit de plusieurs marées noires (Torrey Canyon, Amoco-Cadiz, Olympic Bravery, Boehlen…) et de la surexploitation passée de certaines ressources halieutiques (dont les bancs de sardines de la baie de Douarnenez), l'importante densité planctonique et le grand champ d'algues (le plus vaste d'Europe-maritime avec plus de 330 espèces d'algues supérieures à 1 cm) de l'Iroise sont à l'origine d'une biomasse significative, dont le réseau trophique est garant d'une riche biodiversité (700 espèces différentes d'organismes marins végétaux, 130 espèces de poissons recensés)[29],[30].
L'Iroise abrite le quart de la population de mammifères marins des eaux territoriales de France métropolitaine. Deux groupes de grands dauphins d’une vingtaine d'individus chacun y résident : l’un sur la Chaussée de Sein, l'autre dans l'archipel de Molène et la Chaussée des Pierres-Noires. L’archipel de Molène comporte également une centaine de phoques gris, d'après les décomptes du parc naturel marin d'Iroise.
D'autres espèces de delphinidés séjournent en Iroise ou la fréquentent : dauphin de Risso, globicéphale noir (fréquentant principalement la baie de Douarnenez), dauphin bleu et blanc, orque… Outre le marsouin commun très présent en Iroise, d'autres espèces de cétacés y croisent : rorqual commun, grand cachalot… Par ailleurs, la loutre d'Europe est établie en presqu'île de Crozon.
Plus de 120 espèces de poissons peuplent les eaux de l'Iroise : sardine, sprat, maquereau commun, baudroie, bar commun, lieu jaune, lieu noir, congre, vieille commune, rouget barbet de roche, équille, saint-pierre, pagre commun, sole, turbot, carrelet, barbue, saumon atlantique, petite roussette, grande roussette, chien de mer, pristiure à bouche noire, émissole tachetée, aiguillat commun, requin hâ, requin perlon, raie blanche douce, raie mêlée, raie brunette, raie bouclée, pocheteau gris, ange de mer commun, raie blanche bordée, raie douce, raie fleurie, torpille marbrée, voire certains balistes (exceptionnellement)…
En outre, l'Iroise est fréquentée sporadiquement par certaines espèces de grands poissons pélagiques : germon, poisson-lune môle, maraîche, requin pèlerin, requin bleu, requin féroce, requin longimane…
Les côtes sauvages de l'Iroise (à l'instar de l'Archipel de Molène, de la réserve du Cap Sizun, des falaises à grottes marines de la presqu'île de Crozon…) constituent un espace de nidification ou bien une étape migratoire ou d'hivernage pour de nombreuses espèces d'oiseaux marins ou opportunistes de rivage (dont 117 espèces d'intérêt communautaire recensées en milieu-marin à l'île d'Ouessant et sa périphérie) : goéland brun, goéland argenté, goéland marin, sterne caugek, sterne pierregarin, fulmar boréal, cormoran huppé, grand cormoran (ces deux dernières nichant notamment sur la Chaussée de Sein), fou de Bassan (chassant notamment sur la Basse-Froide située à l'ouest de cette dernière), macareux moine, mouette tridactyle, océanite tempête (plus de 90 % de la population du Littoral-Atlantique de France-métropolitaine dans l'Archipel de Molène), puffin des anglais (seconde colonie de France à Bannec), sterne naine (principale colonie de Bretagne à Béniguet), plongeon catmarin, huîtrier pie, grand gravelot (les plus importantes colonies de France dans l'Archipel de Molène pour ces deux dernières), grand corbeau, crave à bec rouge, faucon pèlerin (ces trois dernières fréquentant notamment la réserve du Cap Sizun et la presqu'île de Crozon précitées), grèbe huppé, puffin des Baléares, macreuse noire, guillemot de Troïl, petit pingouin (ces quatre dernières fréquentant principalement la baie de Douarnenez), tadorne de Belon, héron cendré, pluvier argenté, bécasseau variable, bécasseau sanderling, bécasseau maubèche, tournepierre à collier, barge rousse, vanneau huppé (ces sept dernières espèces de limicoles hivernant principalement en baie de Douarnenez), bécasseau violet (essentiellement à l'île de Sein dont la colonie est d'importance mondiale), busard des roseaux, fauvette pitchou…
Le parc naturel marin d’Iroise, créé en 2007, est le premier parc naturel marin français.
La réserve de biosphère des îles et mer d'Iroise est une réserve de biosphère reconnue par l'UNESCO depuis 1988 dans le cadre du programme sur l'homme et la biosphère.
La réserve naturelle nationale d'Iroise est une réserve naturelle nationale classée en 1992 située au nord de la mer d'Iroise.
Le port de Brest comporte une importante base navale depuis 1631. En outre, la base sous-marine de la Force océanique stratégique française est située à l’île Longue sur la rade de Brest. Les navires de la Marine nationale française croisent ainsi continuellement en Iroise, en particulier dans l'Avant-goulet et le goulet de Brest.
L'ouest de l'Iroise, relevant de la très fréquentée route maritime du Range nord-européen, est un passage obligé des gros navires de commerce devant circuler en Manche. Hormis quelques délicates passes non empruntées par le trafic maritime international (raz de Sein, chenal du Four, passage du Fromveur...), les chenaux de l'Iroise sont larges et bien balisés. Il n'en demeure pas moins que toute navigation doit impérativement tenir compte des courants de marée, très puissants par endroits.
Après de très nombreuses fortunes de mer (notamment la catastrophe de l’Amoco Cadiz), un dispositif de séparation du trafic obligatoire a été mis en place à l'ouest de l'île d'Ouessant pour les gros navires : le Rail d'Ouessant. Placé sous la surveillance du CROSS-Corsen, le Rail d'Ouessant est patrouillé par des unités spécifiques de la Marine nationale française et un remorqueur de haute-mer du prestataire maritime Les Abeilles : l’Abeille Flandre puis en 2005 l’Abeille Bourbon, relevant de l'arsenal de Brest et mouillant en baie du Stiff à Ouessant.
L'Iroise compte en outre plusieurs postes d'intervention de la Société nationale de sauvetage en mer : île de Sein, Douarnenez, Camaret-sur-Mer, Le Conquet, Portsall, île de Molène, île d'Ouessant, Audierne… Dans chacun de ces ports, un bateau de sauvetage tous-temps (de 14,80 à 17,60 m), mené par des bénévoles, est prêt à intervenir. Des photographes, tels que Philip Plisson et Jean Guichard, rendent hommage à ces derniers en livrant de superbes images de leurs interventions dans une mer rarement clémente…
Hormis Saint-Guénolé pratiquant la pêche au large et la pêche hauturière, la pêche professionnelle des ports de l'Iroise est essentiellement une petite pêche. Pour autant, Le Conquet, Audierne, Brest, Douarnenez et Camaret (ces deux derniers étant d'anciens ports de pêche au large du germon et de pêche hauturière de la langouste pratiquées par des dundees) sont d'importants ports de pêche pour certaines espèces de poissons : baudroie, sardine, maquereau, lieu pollach, bar de ligne…
Outre ce dernier prélevé par des ligneurs (notamment dans le raz de Sein, le passage du Fromveur et le chenal du Four), des caseyeurs collectent divers crustacés : tourteaux, araignées de mer, homards bleus, langoustes rouges, étrilles…
Pour faire reconnaître la qualité de leur pêche et créer un label, des pêcheurs de bar de ligne se sont organisés en association depuis 1993[31], les autres espèces de poissons faisant majoritairement l'objet d'un petit chalutage restant à organiser en filière locale.
L'Iroise est très fréquentée par les plaisanciers, y pratiquant notamment la voile et la pêche de loisir. C'est en outre un passage obligé pour la croisière-côtière entre Bretagne-Nord et Bretagne-Sud, jalonné par le chenal du Four au nord et le raz de Sein au sud.
Il existe en Iroise de nombreux sites de plongée, fréquentés par plusieurs clubs. Plusieurs épaves sont relativement accessibles et intéressantes, mais les fonds en eux-mêmes sont souvent spectaculaires. La chasse sous-marine est pratiquée par de nombreux plongeurs. Quelques bateaux à fond de verre permettent en outre de découvrir les fonds marins.
L'Iroise offre de nombreux sites favorables à l'exercice de la planche à voile, du kite-surf, du surf, du kayak de mer…
L'archipel de Molène abrite un des plus grands champs d'algues d'Europe ; ces algues (notamment les laminaires) sont exploitées par une flotte de goémoniers (pour une bonne part basés à Lanildut), pour les besoins des industries chimique et alimentaire (gélifiants). Plusieurs dizaines de milliers de tonnes de goémon sont ainsi récoltées chaque année. Certaines algues sont aussi récoltées manuellement sur l'estran.
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