Héloïse (abbesse)
abbesse et écrivaine française du XIIe siècle / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Héloïse (en grec Έλούσα transcrit Eloysa, en latin Heloisa, parfois Heloissa), née vers 1092[2],[n 4] et morte le , est une intellectuelle du Moyen Âge, épouse d'Abélard et première abbesse de l'abbaye féminine du Paraclet. Chantre de l'amour libre, elle est la deuxième femme de lettres d'Occident[n 5] dont le nom soit resté[n 6] et le premier écrivain à affirmer et définir la spécificité du désir féminin.
exhortant Abélard à l'amour libre :
Bien comprendre, bien instruite
Du bon amant et la bonne amante,
Par quelles raisons elle lui ordonne
De se garder de jamais l'épouser. »[n 2].
Abbesse |
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Naissance | |
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Décès | |
Sépulture |
Cimetière du Père-Lachaise (depuis le ) |
Nom de naissance |
Héloïse de Garlande ? |
Activités |
Écrivaine, philosophe, religieuse chrétienne |
Mère | |
Conjoint |
Ordre religieux |
Religieuses de l'ordre de saint Benoît (d) |
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Genre artistique |
Ex epistolis duorum amantum (1115), |
Il ne reste de ses poèmes qu'une incertaine oraison funèbre et rien de sa musique ni des chansons de sa jeunesse que reprenaient les Goliards. Le peu de ses lettres qui a été recueilli constitue en revanche un « monument »[3] fondateur de la littérature française, célébré comme tel dès la fin du XIIIe siècle, mais mis à l'index en 1616. Plus passionnée et érudite qu'érotique, cette correspondance est l'archétype[4] latin du roman d'éducation sentimentale[5] et un modèle du genre épistolaire classique tel qu'il s'illustrera de la Religieuse portugaise à Dominique Aury[6], en passant par Madame de Lafayette et Laclos, ou encore la Julie de Rousseau et le Werther de Goethe.
Phénomène social du Moyen Âge central « renaissant », Héloïse inaugure avec Abélard la mode du couple de célébrités[n 7], amplement mis en scène par celui-ci dans son autobiographie à succès[7], Histoire de mes malheurs. Sa vie, des plus romanesques, en a fait la figure mythique de la passion amoureuse, outrepassant le modèle de l'« amour courtois » élaboré à la même époque[8] sous les traits de Tristan et Iseult[4].
Derrière ce masque[9] de femme fatale, l'œuvre de l'exégète savante, célèbre avant même sa rencontre avec Abélard, pour avoir été la première femme à suivre l'enseignement des arts libéraux[10], témoigne d'une tentative de définir pour les femmes un statut[11] clérical leur donnant accès à l'éducation[12]. Soutenue par la cour de Champagne en rivalité depuis deux siècles avec les Capétiens[n 8], Héloïse réalise ce projet en fondant le Paraclet, premier ordre monastique doté d'une règle spécifiquement féminine. La réforme grégorienne s'emploiera à ce que ce modèle ne lui survive pas et que les religieuses ne deviennent plus des « femmes savantes ».